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BERLINALE 2025 Generation

Critique : Sandbag Dam

par 

- BERLINALE 2025 : Ce tendre drame de Čejen Černić Čanak, chargé en tension et en bras de fer, parle de deux amis d'enfance devenus des amoureux

Critique : Sandbag Dam
Lav Novosel et Andrija Žunac dans Sandbag Dam

C'est le temps de l'amour dans le petit village au centre de Sandbag Dam [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Čejen Černić Čanak
fiche film
]
de Čejen Černić Čanak, projeté à Berlin dans la section Generation 14plus, mais rien ne le laisse pressentir. Cet amour-là est caché, enterré et oublié depuis longtemps. Du moins, c'est ce qu'espèrent les parents de Marko et Slaven (Lav Novosel et Andrija Žunac).

Ce sont d'anciens amis d'enfance. Quand leur amitié tourne à l'attirance, ce que note la mère de Marko, tout implose. Ensuite, pendant un temps, les choses se calment, parce que Slaven a quitté le pays, mais à présent que son père désapprobateur est mort, le voilà de retour. La réalisatrice croate, qui a l'œil et un sens de l'humour sarcastique, n'a pas besoin de flashbacks ou d'explications pour éclaircir les raisons pour lesquelles on a séparé les garçons. Dans ce village, la force physique est le seul langage qu'on est autorisé à parler quand on est de sexe masculin. Ce qui est cocasse, c'est que les gars du film font des bras de fer toutes les deux minutes, pour montrer qui est le plus viril. 

Ils sont bien obligés, les pauvres : on voit bien qu'ils sont incapables de se parler ouvertement, tout simplement. En tout cas, leurs parents ne le font certainement pas. De fait, Marko et Slaven non plus. Černić Čanak comprend cela, alors elle attend patiemment. Marko a été meurtri par le départ soudain de son ami. "Un petit lapin a filé, sans même dire au revoir", reconnaît-il dans une histoire qu'il raconte à son petit frère au coucher. Au début, il n'arrive même pas à regarder Slaven en face. Il a besoin de temps, mais l'alchimie entre eux est indéniable.

Le casting est formidable : Novosel, avec ses belles boucles, vend habilement le dilemme du garçon costaud qui pourrait facilement dominer tout le village. Après tout, l'avenir de son personnage est déjà écrit : il est censé rester et aider son père dans son commerce. C'est un jeune homme populaire, avec une petite amie qui lui envoie des photos osées et toute une bande de copains braillards – et il a trimé, pour en arriver là, mais il est aussi amoureux d'un garçon. De son côté, Žunac est plus taciturne, un peu solitaire. Et pourtant, Marko et Slaven sont faits l'un pour l'autre. Ici, tout est question de tension : celle de l'attirance sexuelle grandissante, et celle qui vient de la peur de la violence et du rejet. Tout le village attend de voir ce qu'il va se passer : que cette relation explose enfin devant tout le monde ou que la rivière déborde.

Černić Čanak a beaucoup de mérites, ici, mais on peut la saluer en particulier pour son choix d'éviter le sentier qu'empruntent généralement les terribles histoires LGBTQ+ situées dans des pays aux valeurs encore archaïques. Elle est honnête, prête à montrer combien les gens peuvent être affreux quand ils ont peur de quelque chose qu'ils ne comprennent pas. Cependant, elle met aussi beaucoup de chaleur humaine et de tendresse dans cette histoire qui parle tout de même avant tout d'un premier amour, et de sexe. Nos deux héros peuvent bien retarder le moment, jouer à se battre et faire semblant de n'être encore que deux enfants tant qu'ils veulent : c'est une force qui ne peut être arrêtée. Tout comme cette rivière fougueuse dont le niveau monte de jour en jour.

Sandbag Dam a été produit par Kinorama (Croatie), Tremora (Lituanie) et Perfo Production (Slovénie). Les ventes internationales du film ont été confiées à The Open Reel.

(Traduit de l'anglais)


Galerie de photo 19/02/2025 : Berlinale 2025 - Sandbag Dam

12 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Čejen Černić Čanak
© 2024 Dario Caruso for Cineuropa - dario-caruso.fr, @studio.photo.dar, Dario Caruso

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