10/03/2025 - La réalisatrice française Fabienne Godet s’essaye avec délicatesse à la comédie populaire avec son nouveau film, où brille le surprenant Salif Cissé

Le 40e Love International Film Festival Mons programme en compétition le sixième long métrage de la réalisatrice française Fabienne Godet, à qui l’on doit notamment Sauf le respect que je vous dois [+lire aussi :
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interview : Fabienne Godet
fiche film]. Présenté en première mondiale au Festival International du Film de Comédie de L’Alpe d’Huez, Le Répondeur c’est l’histoire d’un vieil écrivain qui cherche l’ombre, et d’un jeune imitateur qui cherche la lumière.

Baptiste (Salif Cissé) aimerait vivre de son art, mais en attendant que le succès frappe à sa porte, il vend des assurances par téléphone. Pierre (Denis Podalydès) aimerait vivre pour son art, mais ses nombreuses sollicitations l’en empêchent. Alors un jour Pierre a une idée : il propose à Baptiste de devenir sa doublure voix. Il souhaite lui confier son téléphone, pour que celui-ci gère tous ses appels, personnels comme professionnels, ce qui lui permettra de se concentrer sur l’écriture de son prochain roman, sans être distrait par la vie. Evidemment, Baptiste va faire plus que répondre et interpréter, il va inventer et ré-interpréter. Telle une sorte de bon génie, il va tenter, avec ses affects et son regard extérieur, de régler la vie de Pierre, ce qui va entraîner son lot de quiproquos, avec ses amantes, son père, sa fille. Entre triangle amoureux, marivaudage romantique et conflit filial, la gérance va vite virer à l’ingérence, peut-être pour un mieux.

Le Répondeur repose sur un argument à première vue complètement invraisemblable, mais il suffit d’une scène à Salif Cissé (découvert dans l’excellent A l’abordage [+lire aussi :
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interview : Guillaume Brac
fiche film]), où il tente de s’approprier la voix de l’écrivain, pour nous permettre de suspendre notre incrédulité, comme toute bonne fiction. Il est extraordinaire tant par sa performance dans les imitations, que dans sa composition subtile d’une masculinité qui embrasse ses fragilités. C’est une intimité particulière qui se crée entre les deux hommes, une sorte de fusion de circonstance, qui prend le temps nécessaire pour se muer en amitié. Si le film est résolument une comédie, il flirte avec les genres, du buddy movie à la romcom, se délectant du principe de la fausse identité et du double pour créer de la tension dramatique aussi bien que des situations comiques. Le film questionne aussi notre dépendance aux autres via les portables, notre besoin d’être sans cesse connectés, et pour une fois non pas sous l’angle de l’addiction des jeunes aux réseaux sociaux, mais ici à travers celle d’un homme d’âge mûr juste à son téléphone. Comment à une époque d’hyperconnectivité peut-on encore se connecter à soi-même, et même être seul avec soi-même, pour rendre possible la pensée et la réflexion ?

Autour du duo formé par Baptiste et Pierre gravitent des personnages satellites à l’écriture juste qui leur permet une vraie incarnation. La maitresse de Pierre (Aure Atika), qui loin de se sentir trahie, apprend à le voir autrement. Sa fille artiste (Clara Bretheau), qui va trouver son art et une muse insoupçonnée en Baptiste. Ou encore l’amie habilleuse du jeune homme (Manon Clavel), dont l’amitié précieuse lui sert de refuge autant que de boussole. Au final, Le Répondeur est un authentique feel good movie, avec son lot de beaux plus que de bons sentiments, une histoire d’amitié, de créativité, d’amour et de fidélité.

Le Répondeur a été produit par Le Bureau avec France 3 Cinéma. The Bureau Sales pilote les ventes internationales, Tandem Films le sortira le 4 juin en France, et O’Brother Distribution en Belgique.