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SXSW 2025

Critique : Satisfaction

par 

- Alex Burunova propose un drame psychologique très esthétisé avec une intrigue centrale sur les dynamiques patriarcales dangereuses qui est importante, malgré quelques zones floues dans le récit

Critique : Satisfaction
Emma Laird dans Satisfaction

La réalisatrice et scénariste Alex Burunova, installée à Los Angeles, a présenté en première mondiale son premier long-métrage, Satisfaction, dans la section Narrative Spotlight du festival SXSW. C'est un film qui critique les manières dont nous arrivons à nous convaincre de voir le meilleur de chaque individu, même dans les circonstances les plus terribles. Satisfaction nous présente peu à peu la relation de deux jeunes compositeurs britanniques, Lola (Emma Laird, The Brutalist [+lire aussi :
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) et Philip (Fionn Whitehead, Dunkirk [+lire aussi :
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), sur deux lignes temporelles : le présent, pendant des vacances dans les îles grecques, et le passé, deux ans plus tôt, quand ils se sont connus. Burunova réunit ici une troupe de comédiens de plus en plus encensés, notamment Zar Amir (l'actrice des Nuits de Mashhad [+lire aussi :
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, Zoé, également productrice délégué sur Satisfaction), qui compose une Elena séduisante et réconfortante, mi-danseuse, mi-ostéopathe, qui tape dans l’œil de Lola tandis qu'elles prennent toutes les deux le soleil sur une plage de nudistes grecque.

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Une scène abrasive et franchement glaçante survient à la moitié du film qui remet complètement en contexte la nature de la relation entre Lola et Philip, au moment même où on apprend comment ils se sont mis ensemble, ainsi que la raison pour laquelle ils ont décidé de se séparer. La Lola du passé, qui porte un mulet tiré vers l’arrière que peu d'autres gens pourraient arborer sans être ridicules, est une étudiante en Master charmante et pleine de confiance en elle qui vient de vivre une rupture et trouve un réconfort émotionnel en Philip, bien qu'elle n'ait jusque-là été en couple qu'avec des femmes. La Lola d’aujourd’hui, en comparaison, semble fermée et distante. Ces deux versions de l’héroïne sont rendues convaincantes par l’interprétation solide et captivante de Laird.

Dès le départ, le film baigne dans des teintes froides bleues et grises, ce qui plante le décor pour le sombre drame qui va suivre. Une musique dramatique et pénétrante réunissant toute une variété d'instruments (composée par Midori Hirano) ajoute de plus en plus de tension. Elle a été créée en collaboration avec le designer sonore Javier Umpierrez (La Cocina). L'amalgame d'éléments sonores non mélodiques et atypiques qu'il a conçu s'intègre habilement à la musique. Ce paysage sonore rappelle, à certains égards, la présence de la musique dans d'autres films récents, comme Conclave [+lire aussi :
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, où le spectateur est censé être submergé par le paysage sonore. Ainsi, Satisfaction un film fortement esthétisé qui compte sur le spectateur pour lire entre les lignes et laisse, de cette façon, présager le reste, mais Burunova use aussi de moments symboliques pour transmettre un sentiment de connexion et de terreur qui fait souvent l'effet de trop simplifier les choses, alors qu'elle aurait pu nous laisser observer tranquillement, de manière plus existentielle, Lola et la situation compliquée dans laquelle elle se trouve.

Avec son chef opérateur Máté Herbai, originaire de Budapest, Burunova a confectionné un travail visuellement intrigant qui met clairement en évidence son potentiel comme réalisatrice, pour l'audace de sa vision et son style. Cependant, on a parfois l'impression que les accentuations placées dans Satisfaction ont avant tout pour but de démontrer son habilité, au détriment de l'impact émotionnel du film (on pourrait s'immerger davantage dans la puissante connexion entre Elena et Lola, par exemple), ce qui fait que des pièces manquent dans le grand puzzle que forme l’ensemble. Le dénouement n’est pas pleinement satisfaisant, mais les spectateurs apprécieront sans doute malgré tout le mélange thriller/drame psychologique ici proposé, et la tentative admirable du film de mettre en avant la force des femmes dans des circonstances dévastatrices.

Satisfaction est une production entre les États-Unis, l'Ukraine, la Grèce et l'Italie qui a réuni les efforts de la société de Burunova, Perfect Circle Films (États-Unis), Driven Equation (États-Unis) et Carte Blanche (États-Unis), en coproduction avec Constant Production (Ukraine), Kristi Films International (Grèce) et Frame by Frame (Italie) et en partenariat avec Set Point Entertainment (États-Unis), Paper Anvil (États-Unis) ainsi que Simbelle Productions (États-Unis).

(Traduit de l'anglais)

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