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MALAGA 2025

Critique : La buena letra

par 

- Dans cette adaptation du roman de Rafael Chirbes, Celia Rico Clavellino ne parvient pas à atteindre le niveau d'émotion de ses films précédents, Viaje al cuarto de una madre et Los pequeños amores

Critique : La buena letra
Loreto Mauleón dans La buena letra

La réalisatrice sévillane Celia Rico Clavellino est arrivée en fanfare sur la scène du cinéma international, avec une sélection dans la section New Directors du Festival de San Sebastian en 2018 avec son premier long-métrage, Viaje al cuarto de una madre [+lire aussi :
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, un film intimiste sur les dépendances familiales, un sujet qu'elle a continué d'approfondir, avec délicatesse et talent, avec son deuxième long-métrage, Los pequeños amores [+lire aussi :
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, qui a remporté deux prix (le Prix spécial du jury et le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour Adriana Ozores) au Festival de Malaga. À présent, un an seulement après ces victoires, elle est de nouveau en compétition à l’événement dédié au cinéma hispanophone avec son troisième film, La buena letra [+lire aussi :
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, qui sortira quelques semaines plus tard (le 30 avril) en Espagne, distribué par Caramel Films.

Les attentes sont de fait élevées par rapport au nouveau travail d’une cinéaste qui a démontré qu’elle savait à merveille rendre les petites choses qui consolident les relations familiales et affectives. Cette fois, ce n'est pas un scénario original mais une adaptation qu'elle met en scène, celle d'un roman de de l’écrivain Rafael Chirbes, dont on avait déjà vu à l'écran l'exceptionnelle série Crematorio produite par Mod, la société qui porte aussi La buena letra.

Le titre fait allusion à la manière d’écrire qu'emploie l'héroïne, Ana (incarnée par Loreto Mauleón), mariée à Tomás (Roger Casamajor), pour imiter le style de son beau-frère Antonio (interprété par Enric Auquer), disparu en plein après-guerre espagnol : en effet, elle écrit des lettres en se faisant passer pour lui pour que sa mère ne souffre pas de son absence. Sauf qu'un jour, il rentre enfin chez lui…

Avec le même rythme pondéré et méticuleux qui est devenu la marque du travail de la réalisatrice, une lumière faiblarde qui reflète l'obscurité de ce moment historique et des interprétations taiseuses et tout en retenue au niveau de la gestuelle de la part des acteurs, La buena letra commence avec brio et dépeint, à parti de la petitesse du quotidien et des choses domestiques, ces décennies funestes où les femmes étaient soumises, obéissantes et sacrifiées, où elles passaient leur temps à coudre, cuisiner ou faire le ménage, toujours au service de leur mari.

C'est une époque de répression, de règles strictes, de machisme toléré et d'impossibilité d'échapper aux normes sociales que dépeint avec précision Celia Rico, mais sa pondération narrative empêche l’émotion d'affleurer tout au long du métrage. La routine pesante qui écrase l'héroïne finit, hélas, par contaminer ce même abattement à l’ensemble. Certes, les femmes menaient des vies faites d'abnégation, de maltrances et de tristesse, étouffées par des rêves condamnés à rester lettre morte et des espoirs d'évolution frustrés, mais en tant qu'œuvre cinématographique, le film décline de minute en minute et finit par devenir froid et sans grâce. C'est un récit où l'intuition du spectateur a trop de silences à remplir et dont les personnages manquent de l'attrait empathique dont ils auraient eu besoin.

La buena letra a été produit par Mod, Misent Producciones et Arcadia Motion Pictures. Les ventes internationales du film sont gérées par Film Constellation.

(Traduit de l'espagnol)

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