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MALAGA 2025

Critique : 8

par 

- Julio Medem démontre de nouveau que la peur du ridicule et lui font deux, à travers une histoire d'amour poétique et enflammée qui s'étale sur des décennies, avec pour toile de fond l'Espagne caïniste

Critique : 8
Ana Rujas et Javier Rey dans 8

Julio Medem est un cinéaste si singulier, audacieux et unique qu'il constitue à lui seul une sorte de genre cinématographique : poétique et métaphorique en diable, capable de combiner ce qu'il y a de plus sublime, mélancolique et sensible avec ce qu'il y a de plus ridicule, pédant et embarrassant. Son nouveau film, intitulé 8 [+lire aussi :
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, présenté hors compétition au 28e Festival de Malaga et à l'affiche en Espagne à partir de ce vendredi 21 octobre (avec VerCine), en est une nouvelle preuve.

8, qui réunit une troupe d'acteurs très engagés dans leurs rôles (notamment Javier Rey et Ana Rujas, qui jouent les personnages principaux de leur entrée dans l'âge adulte à leurs 90 ans), entrelace les vies d'Octavio et Adela, nés le même jour à quelques kilomètres de distance. Sur plusieurs décennies, leurs existences vont se croiser huit fois. Une histoire d'amour va se nouer, mais elle est damnée, car le capricieux destin va faire des siennes.

8, composé de huit plans-séquences allant de 1931 à 2021, séparés par des fondus/transitions qui interviennent au son des claquements de talons de la danseuse Sara Baras, sur des musiques du compositeur très prisé Lucas Vidal, déploie sur deux heures et quelques toutes les vertus et les défauts qu'on pouvait déjà trouver dans les films précédents du réalisateur basque, comme Vacas, Tierra, Les Amants du cercle polaire, Chaotique Ana o Una habitación en Roma [+lire aussi :
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, entre autres. Ce nouveau travail, d'un lyrisme exacerbé, ne laisse pas indifférent : selon qu'on accepte ou pas d'entrer dans son univers extrême, on adore ou on déteste.

Impossible de rester impassible face à toutes les émotions intégrées à cette trame sophistiquée qui parle, avant tout, de polarisation sociale (celle qui a mené l'Espagne à la guerre civile au siècle dernier, et qui est en train de se reproduire dangereusement ces derniers temps, aux événements sportifs), de cohabitation, d'amour et de pardon.

Le film, dont la première heure est mieux maîtrisée, plus intrigante et plus efficace que la seconde, offre (et c'est tout à l'honneur de Medem) des scènes d'une grande beauté, très sensibles et émouvantes, qui renvoient à Douglas Sirk et d'autres maîtres du mélodrame romantique tout en rappelant en particulier deux des travaux précédents du réalisateur : Les Amants du cercle polaire et L'Arbre de sang [+lire aussi :
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. Hélas, le propos politique du film, beaucoup trop appuyé, finit par polluer ces scènes impétueuses et lyriques que seul un cinéaste intrépide, fidèle à son style personnel, est capable de composer sans crainte, et sans tomber dans les modes ou les injonctions des algorithmes. C'est que Medem est avant tout un poète visuel baroque.

8 a été produit par Barbazul la Película AIE,  Eidan Produce et Morena Films, en coproduction avec Quexito Films et en association avec Latido Films, le distributeur du film à l'international.

(Traduit de l'espagnol)

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