Critique série : Mariliendre
par Alfonso Rivera
- En complicité avec Javier Ambrossi et Javier Calvo, Javier Ferreiro orchestre une comédie débordante de couleurs, de drogues, de frissons, de harnais, aussi, et on y assiste même à un enterrement

Vous n'avez jamais visité Chueca, le quartier LGBTQ+ de Madrid, connu dans le monde entier ? Vous ne connaissez pas les applications de rencontres populaires entre homosexuels ? Vous ignorez ce qu'est un chill ? Pas de soucis : la série Mariliendre, réalisée par Javier Ferreiro (jusqu'ici réalisateur de courts-métrages et scénariste de la série Vestidas de azul), qui a fait la clôture de la dernière édition du Festival de Malaga et vient d’être projetée à Séries Mania, vous offre un catalogue complet de la culture queer… et d’autres surprises encore.
Par exemple, le rôle de la mère aigrie de l’héroïne a été confié à la chanteuse Nina, première directrice de l’académie de l'émission de télé-réalité Operación Triunfo (qui a fait un carton en Espagne). Autre détail : le seul tube d'une des anciennes participantes à cette même émission, Dime de Beth, qui était allé jusqu'à l'Eurovision, est repris dans cette comédie musicale qui, contrairement à Emilia Pérez [+lire aussi :
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fiche film], renonce aux pièces originales pour revivre des chansons de la Mexicaine Paulina Rubio, de Bebe ("Ella") ou encore de Sonia y Selena ("Yo quiero bailar", hymne indiscuté de l’hédonisme). C'est clair : une si belle panoplie de tubes remplit la piste dans n'importe quel club gay et fier de l'être, et la série fait de même – car tout l’attirail gay-friendly défile dans ces épisodes, porté par une classique fille-dont-les-copains-sont-gays (mariliendre en espagnol, ndlt.) qui fait honneur à son titre de "reine mère des homosexuels", dans le sens où elle ne sort qu'avec des garçons qui couchent avec d’autres garçons.
Mais quand la mort de son père secoue sa vie un peu vide et l'emmène loin du "milieu" et de ses "nains polytoxicomanes", comme elle dit, Meri Román (incarnée par Blanca Martínez) découvre que ce brave homme avait "un petit secret" dans son placard. Bien sûr, elle va enquêter, et devoir s'introduire dans ce petit monde décalé qu’elle a laissé derrière elle.
Mariliendre, qui abonde en clins d’œil au cinéma porno et à la culture pop, est aussi irrégulier que léger et insignifiant. La série transite par des moments d’humour décomplexé (surtout aux répliques que les scénaristes Paloma Rando, Carmen Aumedes et le réalisateur, ont réservées à l’héroïne) pour aller jusqu’à des scènes délirantes sans une once de drôlerie. Cette production, qui n'entrera pas dans la postérité comme d'autres titres de la fabrique Suma Content des Javis (Javier Ambrossi et Javier Calvo, qui ont eux-mêmes été profs dans Operación Triunfo), notamment La Mesías [+lire aussi :
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fiche série] ou Paquita Salas (une sainte référence ici), ose être provocatrice, insolente, fraîche, excessive, grossière, irrévérencieuse (dans la séquence de l’enterrement ou sa manière d'exalter les drogues), frivole, superficielle et vulgaire, comme les nuits passées à faire la teuf dans les clubs de Chueca dont les personnages du film parlent continuellement.
Mariliendre, vidéoclip hypercoloré énergiquement chorégraphié par Belén Martí, boule à facettes épisodique, scintille tout du long mais ne laisse pas vraiment de gueule de bois, ce dont se fichent sans doute les "bons copains" qui se sont bien amusés en l’écrivant, en la fêtant et en la tournant. C'est une série qui va faire danser sur leurs chansons préférées les amis et les fans des Javis, mais pour le reste du public, elle est un peu excessive, folle et éparpillée.
La série, composée de six chapitres de 45 minutes, réunit une belle galerie de stars juvéniles, comme Omar Ayuso (Élite) ou encore Martín Urrutia (également répéré dans Operación Triunfo). Elle a été produite par Atresmedia Televisión en collaboration avec Suma Content. Elle arrivera en Espagne, sur Atresplayer, le 27 avril. Les ventes internationales de la série sont gérées par Atresmedia TV International Sales.
(Traduit de l'espagnol)
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