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FILMS / CRITIQUES France / Belgique

Critique : Lads

par 

- Julien Menanteau se distingue avec un premier long percutant et authentique, plongeant en fiction dans la face cachée des écuries et des rêves de gloire sur les champs de courses

Critique : Lads
Marco Luraschi dans Lads

"C’est le prix à payer quand on fait ce métier." Dans de nombreux univers professionnels contemporains, la compétitivité règne avec son lot de réussites et de dérives toxiques, mais elle est rarement poussée autant à son paroxysme que dans le sport de haut niveau. Car sur la pure passion personnelle peuvent se greffer violemment l’ambition et l’addiction à la victoire, les perspectives d’ascension sociale et les pressions des entourages, le tout sur fond d’enjeux financiers.

C’est dans ce malstrom d’émotions fortes et d’ambiance hyper darwiniste que Julien Menanteau a choisi de s’immerger avec son premier long métrage de fiction, Lads [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, lancé dans les salles françaises le 2 avril par ARP Sélection. Mais le cinéaste a surtout choisi un environnement très spécifique aux coulisses relativement méconnues, celui des centres d’entrainement équestres préparant les pur-sang aux très dangereuses courses de steeple-chase ("le plat, c’est un jeu d’enfants à côté", "le steeple, c’est un peu comme les jeux du cirque : les spectateurs viennent pour les chutes").

Afin de nous initier aux arcanes de ce monde fermé et codifié, le scénario signé par le réalisateur et Nour Ben Salem plonge dans le sillage d’Ethan (la révélation Marco Luraschi, sacré meilleur acteur au Festival d’Angoulême), un jeune homme issu des classes populaires que l’on découvre quasi nu et bracelet électronique à la cheville (son goût de la vitesse l’a mené aux vols de voitures), à la pesée avec d’autres garçons de son âge engagés comme lads dans une écurie connue dans le monde entier et dirigée par la très bourgeoise Suzanne (Jeanne Balibar). Et comme le souligne d’emblée l’entraineur Hans (Marc Barbé) : "Sur 100 lads, un deviendra jockey. Votre travail, c’est sortir le fumier et nourrir les chevaux."

Cependant, Ethan ne peut s’empêcher de rêver et bientôt remarqué pour son caractère pugnace et ses bonnes mains, il se rapproche peu à peu de son rêve et des hippodromes. Mais il doit s’engager corps et âme et progressivement les zones d’ombre de l’envers du décor se dévoilent…

Atmosphère délétère entourant les jeux d’argent, réelle propriété des montures (souvent détenus par des émirs), courses potentiellement truquées, possible dopage des chevaux et des hommes, risques de blessures graves, programmes intensifs d’entrainement (Racetrainer, tapis de course, lutte contre le poids), mais aussi traditions solidement ancrées, quotidien terrien en pleine nature, amour des animaux (même s’il ne faut pas être trop romantique car l’abattoir n'est jamais loin), mélange paradoxal de solidarité et d’agressivité entre les apprentis jockeys,  et surtout tumulte spectaculaire des steeples : très bien documenté, Lads réussit à restituer parfaitement toutes les facettes de son sujet (mention spéciale au directeur de la photographie Julien Ramirez Hernan). Porté par son charismatique jeune interprète et de très solides seconds rôles ayant chacun une vraie identité, le film cavalcade (son budget serré imposant une relative accélération des nombreux événements), mais dans son style hyper réaliste mêlant action et psychologie, adrénaline et décryptage, il s’impose comme une proposition très originale dans le jeune cinéma français.

Lads a été produit par Gloria Films Production (France) et coproduit par Pictanovo (France) et par Beside Productions (Belgique). Be For Films pilote les ventes internationales.

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