FILMS / CRITIQUES Irlande / Royaume-Uni
Critique : Four Mothers
par David Katz
- Darren Thornton donne un tour plus sombre, mi-comique, mi-sérieux, au Déjeuner du 15 août, où un homme d'âge mûr qui rame dans la vie s'occupe de quatre vieilles dames exigeantes

Parmi la masse des clichés culturels sur les mères et la maternité, ceux des Irlandais et des Italiens ont quelques points communs distinctifs. La "mam" et la "mamma" partagent certaines caractéristiques : pour invoquer légèrement l'héritage de ces pays catholiques, on peut dire qu'elles ont été taillées dans le même bois.
Le film, qui a fait sa première mondiale à la fin de l’année dernière au Festival BFI de Londre et arrive aujourd’hui dans les cinémas irlandais et britannique ce 4 avril, distribué par BFI Distribution, est une nouvelle version honorable, mais seulement drôle par intermittence, avec une prémisse et une portée plus vaste, qui plonge de manière sensible dans la vie queer irlandaise et la pression qu'elle met sur la famille nucléaire traditionnelle, le vieillissement et le monde professionnel.
Dans son film, Di Gregorio jouait un type ordinaire, un vague schéma comique. Ici, le héros, Edward (James McArdle), est un personnage pleinement développé avec un passé et un parcours à venir : son succès impressionnant en tant que jeune romancier donne un côté métafictionnel au scénario écrit par le réalisateur avec son frère Colin Thornton. Le cordon ombilical métaphorique qui le relie encore à sa mère, Alma (Fionnula Flanagan), reste intact, car elle est devenue muette après un AVC, de sorte qu'il est son aidant. Tandis qu'il s'occupe d'elle, entre les réécritures et les appels tendus sur Zoom avec son éditeur, son ex, le très sympathique Raf (Gaetan Garcia), aide pour la partie thérapie physique.
Quand les copains d'Edward, Billy (Gordon Hickey) et Colm (Gearoid Farrelly) décident d'aller à la Maspalomas Pride, un événement fétichiste populaire en Espagne, ils se débarrassent de leurs mères, Jean (Dearbhla Molloy) et Maude (Stella McCusker), en les laissant chez Alma, où ils savent qu'on s'occupera d'elles et qu'elles auront de la compagnie. Si trois est le nombre magique, quatre, ça commence à faire beaucoup et immanquablement, le psy d'Edward, Dermot (Rory O’Neill), récemment sorti du placard après de longues années dans un mariage hétérosexuel, a aussi des vues sur l'événement espagnol : ainsi, sa maman, la douce Rosey (Paddy Glynn), vient faire du trio un quartet.
Le dispositif semble basique, mais c'est trompeur ; comme dans le film de Di Grigorio, la patience et la nature situationnelle de l’humour, ainsi que les observations pertinentes faites au passage sur la nature humaine, donnent au film un côté indé plaisant, souligné par la palette de couleurs pâles et l'utilisation de lumières naturelles. Au-delà de ça, l’arc d'Edward reste central, car il doit soulager des frustrations qui affectent sa personnalité et surmonter son angoisse sociale à travers un voyage promotionnel aux États-Unis organisé en réponse à l'énorme visibilité de son roman pour jeunes adultes sur TikTok. Hélas, les éléments comiques et dramatiques de l’histoire se déploient en parallèle au lieu de s'entrelacer, les quatre mères restant à disposition pour fournir des regards pétillants dans des plans en contrechamp qui font pendant aux grimaces et aux sourcils froncés de McArdle.
Ceci étant dit, Four Mothers est tout simplement trop sympathique, sincère et gentil pour le rejeter entièrement. Il pourrait plaire aux spectateurs en quête de films gracieux et légers, sans être sans profondeur non plus.
Four Mothers est une coproduction entre l’Irlande et le Royaume-Uni qui a réuni les efforts de Port Pictures et Portobello Films and Television. Les ventes internationales du film sont gérées par mk2 films.
(Traduit de l'anglais)
Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.