309 longs métrages produits par la France en 2024
par Fabien Lemercier
- Avec 1,44 Md€ d’investissements, la production hexagonale surfe sur un haut niveau de financement stimulé surtout par les diffuseurs, notamment les plateformes

Vitalité confirmée pour la production cinématographique française avec 309 longs métrages agréés en 2024 (soit 11 de plus que l’année précédente et le second total de tous les temps) pour 1,44 Md€ d’investissements (dont 1,17 Md€ français et 275 M€ étrangers) en hausse de 7,5 %, selon le bilan annuel dévoilé par le CNC.
Cette radiographie de la production 2024 est marquée par un nombre globalement stable de films 100 % français (179) et par un regain des coproductions internationales à 130 longs métrages (10 de plus que l’année précédente) dont 52 majoritaires françaises (en net recul) et 78 minoritaires (en forte hausse) avec 39 pays. Les investissements dans ces coproductions internationales se sont élevés à 475,55 M€ (l’addition de 200,54 M€ français -en recul de 18,7% - et de 275,01 M€ étrangers - en hausse de 15,9%). L’an dernier, les principaux partenaires internationaux du cinéma hexagonal ont été la Belgique (30 FIF - Films d’Initiative Française - et 17 coproductions minoritaires), l’Allemagne (8 et 14), l'Italie (5 et 12), l’Espagne (1 et 12), la Suisse (3 et 9), le Luxembourg (2 et 4), les Pays-Bas (3 et 3), la Grèce (0 et 6), le Canada (3 et 2), la Tunisie (1 et 4) et le Portugal (1 et 2).
Du côté du financement, 1,17 Md€ a été investi dans les 231 FIF avec un devis moyen augmentant pour la quatrième année consécutive à 5,09 M€. Deux FIF ont bénéficié d’un budget supérieur à 40 M€ (Projet D – Love Story de Luc Besson avec 45,2 M€ et Chien 51 de Cédric Jimenez avec 42 M€), huit de plus de 20 M€ et 27 de plus de 10 M€ (contre 21 l’année précédente). La tranche de devis entre 7 et 10 M€ est aussi à la hausse (23 FIF contre 16 en 2024) tout comme, à l’autre extrémité du spectre, les petits budgets (56 films à moins de 1 M€ et 30 entre 1 et 2 M€ contre respectivement 44 et 23 l’année précédente). À contrario, le nombre de longs métrages aux budgets entre 4 et 7 M€, autrement dit le "cinéma du milieu" qui englobe en général une grande majorité des meilleurs films d’auteur hexagonaux, est en net reflux (39 FIF en 2024 contre 56 en 2023).
Le détail des sources de financement des FIF en 2024 révèle un nouveau record pour les investissements des diffuseurs (411,58 M€, en hausse de 7,2 % par rapport à 2023) qui couvrent 35 % des budgets. La part des mandats (distribution salles, édition vidéo, ventes internationales) a connu une embellie à 121,92 M€ (+12,6%) et représente 10,4 % des devis. Le reste du financement des FIF est issu des producteurs eux-mêmes qui couvrent 39,9 % des budgets (une part qui diminue ultérieurement après récupération du crédit d’impôt), des soutiens publics (7,6 % via les aides automatiques et sélectives du CNC, et les aides régionales), des apports étrangers (4,8 %) et des Sofica (2,4 %).
Au classement des diffuseurs, le groupe Canal+ est resté en 2024 le pilier du financement du cinéma français avec 185,39 M€ d’investissements en préachat (147,1 M€ pour la chaîne Canal+, 21,85 M€ pour Ciné+, 15,39M€ pour OCS et 1,05 M€ pour C8 qui a cessé définitivement d’émettre le mois dernier) dans 153 films (dont 138 FIF). Mais son engagement financier a baissé de 5,3% par rapport à l’année précédente et a concerné 26 films de moins qu’en 2023. Une tendance à la contraction qui est appelée à s’amplifier (lire l’article).
Du côté des chaînes gratuites, le groupe public France Télévisions a investi 61,61 M€ (en baisse de 18,9%) dans 65 films (dont 62 FIF), le groupe TF1 pointe à 54,60 M€ d’investissement pour 22 films (tous des FIF), le groupe M6 bat ses records à 36,7 M€ pour 17 FIF, et Arte France enregistre son niveau d’investissement le plus bas depuis 2008 à 5,49 M€ (à -40,2% par rapport à 2023) pour 17 films (dont 8 FIF).
Le grand changement dans le panorama du financement de la production française est la montée en puissance des plateformes (les services de vidéo à la demande par abonnement) dont les investissements ont augmenté de 58,4% en 2024 à 76,4 M€. Le nombre de films sur lesquels elles s’engagent a en revanche augmenté beaucoup plus modérément, passant de 40 en 2023 à 45 (uniquement des FIF) en 2024. Parmi elles, Netflix domine avec 61,5 M€ pour 27 films (dont 14 ont des devis supérieurs à 7M€), devançant Disney+ (7,1 M€ pour 10 films) qui va rapidement monter en régime (news) et Prime Video (dont les investissements ont baissé de 34,7% l’an dernier à 6,44 M€ pour 6 films contre 12 en 2023). Enfin, Max (qui est disponible en France depuis juin 2024) a investi l’an dernier dans deux FIF pour un montant total de 1,2 M€.
À signaler enfin que les premiers (70 FIF) et les seconds longs métrages (48 FIF) représentent 51,1% de la production des FIF en 2024 et que la part des femmes ayant réalisé ou co-réalisé un long métrage l’an dernier est stable à 26,1% des FIF (mais en retrait du record 2022 de 30,8%).
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