De possibles synergies entre le Royaume-Uni et la France en matière de VFX sont explorées au Marché du Film
par Veronica Orciari
- CANNES 2025 : Des représentants des deux pays ont causé accroissement des incitations fiscales pour la VFX, coproductions naissantes et collaboration transfrontalière

Le 16 mai, dans le cadre des tables rondes du Marché du Film de Cannes, la British Film Commission et Film France-CNC ont organisé la discussion "Crossing Channels : la production et la VF X au Royaume-Uni et en France", sur les relations entre les deux pays dans ces secteurs, modérée par Adrian Wootton, officier dans l'ordre de l'Empire britannique et DG de la British Film Commission.
Neil Hatton, lui-même membre de l'ordre de l'Empire britannique et directeur de la UK Screen Alliance, a ouvert la discussion en décrivant la manière dont les crédits d’impôts britanniques pour les effets visuels ont été mis en place à partir du 1er janvier 2025 : "Nous avons augmenté les taux : c’est à présent 29,25 % nets, mais nous les avons aussi exemptés du plafond de 80 %, et ça change tout, en grande partie, je crois, parce que très souvent, les gens tournent au Royaume-Uni puis vont faire la VFX ailleurs, ou inversement. C’était très rare, avant, que les deux se fassent au Royaume-Uni, mais c’est de plus en plus le cas, grâce à cette exemption aux règles de plafond". Hatton a ensuite mentionné que son équipe prévoyait une augmentation de 45 % par rapport aux chiffres de 2019 annoncés dans le rapport Screen Business du BFI, ce qui correspond à 370 millions de livres sterling par an pour les effets visuels bénéficiant du crédit d’impôts au Royaume-Uni. Il a aussi présenté le "crédit d’impôts pour les films à budget limité", grâce auquel les effets visuels et la post-production sont tous les deux considérés comme des dépenses éligibles dans les limites des 39,75 % nets. On peut y recourir si le budget du film ne dépasse pas les 15M £, même quand on tourne en dehors du Royaume-Uni, avec quelques restrictions : il faut notamment que le projet soit officiellement une coproduction. Hatton a d'ailleurs indiqué : "On me dit que l'intérêt pour le travail en coproduction s'est plus accru ces six derniers mois qu'en quelques années avant cela".
Daphné Lora, directrice de Film France-CNC, a expliqué que le crédit d’impôt de 30 % français a été étendu en 2020 à la VFX : "Si vous dépensez plus de 2M € en VFX en France, vous avez une remise de 40 % qui s’applique à tous les frais éligibles, y compris les frais liés au tournage". Lora a aussi précisé que le test culturel qui s'applique est différent pour les films en images réelles et pour les projets en VFX, dans le sens où le second est plus facile à passer, ce qui fait de la France une option plus accessible pour les projets en VFX. "Je pense que ce qui est en train de se produire entre les deux pays est très intéressant : nous nous connaissons très bien, et nous ne sommes qu'à un trajet en train de distance", a affirmé Lora.
Laurens Ehrmann, fondateur et responsable de la VFX chez The Yard, a décrit sa société comme une entité 100 % indépendante, et mentionné qu'elle a des bureaux à Paris et Montpellier, en plus de ses nouveaux bureaux à Londres. Il a décrit la fuite des talents de la VFX français qui s'est opérée au fil des ans : beaucoup de talents de la VFX locaux ont quitté le pays, attirés par les gros blockbusters. De fait, l’objectif de sa société et de les garder en France voire d’en ramener certains, après qu’ils aient travaillé dans d’autres pays. Ehrmann a également décrit l’énorme volume de travail demandé pour Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de pouvoir, dont la post-production a pris plus de 18 mois, et impliqué entre 30 et 40 artistes. Cette série est un parfait exemple de collaboration entre les deux pays : sa deuxième saison a été tournée au Royaume-Uni, mais la post s'est faite en France.
Michael Illingworth, fondateur et directeur créatif chez Vine FX, devait intervenir sur The Amateur, réalisé par James Hawes, avec Rami Malek, également producteur du film. Ce titre a été tourné à Londres et au Royaume-Uni en général, à l’exception de quelques Image tournées en France et en Turquie, et c'est Vine FX qui a travaillé sur la VFX. Il a aussi mentionné le travail de sa société sur la minisérie La Chute de Paris, autre exemple de collaboration efficace entre les deux pays.
Enfin, le fait que cette société soit basée à Cambridge a constitué pour Hatton un bon point de départ pour mettre en avant une tendance actuelle qui est de quitter les grands centres comme Londres ou Paris pour aller s'installer dans des villes ou régions moins centrales, un changement positif de l'avis des intervenants.
(Traduit de l'anglais)
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