email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BRIFF 2025

Critique : Rano

par 

- Valéry Rosier est de retour avec un film co-réalisé avec Farellia Tahina Venance, une échappée aquatique de deux âmes abimées à Madagascar

Critique : Rano
Mara Taquin dans Rano

Remarqué grâce à ses courts métrages (Bonne nuit, Dimanches), à son premier long métrage de fiction, l’intrigant et hypnotisant Parasol [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
(Prix du public au Festival d’Amiens), mais aussi grâce à son travail documentaire (Silence Radio et La Grand-Messe [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Meryl Fortunat-Rossi et Va…
fiche film
]
, co-réalisé avec Meryl Fortunat-Rossi), Valéry Rosier est de retour au Brussels International Film FestivalLa Grand-Messe avait remporté le Prix du Public en 2018. Il y présente cette fois-ci son deuxième long métrage de fiction, Rano, co-réalisé avec Farellia Tahina Venance (dont c’est le premier film), dévoilé en première mondiale dans le cadre de la Compétition Nationale.

A Madagascar, on croit aux sirènes, et aux esprits de l’eau. Macha, jeune femme un peu perdue a quitté la Belgique pour rejoindre sa mère installée à Madagascar. On la sent dans l’attente, sans vraiment savoir quel est son horizon. Le jour, elle accompagne des touristes en quête de requins baleines. Le soir venu, elle s’oublie dans la nuit malgache. Rapidement, on comprend que Macha porte un deuil, celui d’un enfant mort-né, absence béante dans sa vie. De l’autre côté de l’île, Franco quitte son foyer, à la recherche de son père qu’il n’a jamais connu, alors que sa mère a disparu. Tous deux convergent sans le savoir, leurs trajectoires concentriques finissant par se croiser, l’eau créant un espace de rencontre privilégié. C’est une véritable quête spirituelle qui s’ouvre à eux, plonger dans les profondeurs de l’océan figure une autre exploration, plus intérieure, aux tréfonds de leur histoire et de leurs traumas.

Macha et Franco sont perdus, ensemble. En malgache, rano signifie eau. C’est elle qui les guide dans un chemin d’ouverture au monde des esprits. Pas besoin ici de chaman ou autre passeur, l’océan s’en charge. Pour l’une comme pour l’autre, le deuil est une épreuve, parcouru d’étapes, mais qui surtout, nécessite de reconnaître la souffrance, de nommer l’absent. C’est un double voyage spirituel et personnel qui prend la forme d’une aventure, il en a l’ampleur et le souffle. Le spectateur lui se voit proposer une expérience sensorielle, bercé ou secoué par le bruit de l’eau, omniprésente dans le plan. Macha est interprétée par la jeune comédienne belge Mara Taquin, que l’on a vue dans La Petite de Guillaume Nicloux, Rien à foutre [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Emmanuel Marre et Julie Le…
fiche film
]
d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre, ou La Ruche [+lire aussi :
critique
interview : Christophe Hermans
fiche film
]
de Christophe Hermans, et qui est par ailleurs l’héroïne de Au bord du monde [+lire aussi :
critique
interview : Guérin Van de Vorst, Sophi…
fiche film
]
de Guérin Van de Vorst et Sophie Muselle, également sélectionné en Compétition Nationale au BRIFF. Face à elle, un casting composé de comédiens non-professionnels, dont le très convaincant Francodris Mananjara dans le rôle de Franco. Pour tourner Rano, Valéry Rosier a reçu le soutien des aides aux productions légères du Centre du Cinéma, enveloppe qui vise notamment à soutenir les propositions de cinéma hybrides, libérées des format commerciaux. On sent dans le film tout à la fois sa matière documentaire, dans la façon de faire exister l’île, et sa liberté expérimentale, dans sa façon de décliner la présence de l’eau sous différentes formes, au rythme aussi des courants.

Rano a été produit par Wrong Men, qui avait déjà produit Parasol et La Grand-Messe, et qui produit également le prochain film de Valéry Rosier, Parkings, tourné à l’automne dernier, dont le casting est emmené par Corinne Masiero et Philippe Rebbot (voir l’article).

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy