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KARLOVY VARY 2025 Compétition

Critique : The Luminous Life

par 

- João Rosas présente un premier long discrètement subversif, un film plaisant à regarder où il retrouve son héros de longue date et fait de Lisbonne son deuxième personnage principal

Critique : The Luminous Life
Cécile Matignon et Francisco Melo dans The Luminous Life

Le réalisateur portugais João Rosas continue de construire l'univers fictionnel de Nicolau (un personnage qu'il suit depuis son enfance et qu'il a développé sur plusieurs courts-métrages) dans son premier long, The Luminous Life [+lire aussi :
bande-annonce
interview : João Rosas
fiche film
]
, en lice pour le Globe de cristal de Karlovy Vary. C'est un film séduisant, plaisant à regarder, qui est aussi légèrement subversif dans le traitement qu’il fait de la grammaire filmique, en plus de recourir à une foule de références métacinématographiques.

C’est le printemps à Lisbonne, et Nicolau (Francisco Melo) n'est pas franchement d'humeur à fêter son vingt-quatrième anniversaire. Déprimé par la rupture, survenue un an plus tôt, d'une longue relation amoureuse, il vit chez ses parents, joue dans un groupe de jazz qui semble n'aller nulle part et n’a pas l’air intéressé par l’idée d’avoir un travail, ce qui lui vaut naturellement des réflexions constantes de la part de son père. De loin en loin, il prend des emplois à temps partiel et un jour, alors qu’il compte les vélos qui roulent en ville pour un programme de mobilité sociale, il repère une jeune femme qui ressemble trait pour trait à son ex-petite amie. Elle fait tomber le programme de la célèbre Cinemateca de Lisbonne, où certaines projections sont entourées en rouge, ce qui constitue une sorte de "carte de chasse au trésor", pour reprendre les mots de sa meilleure amie Mariana (Francisca Alarcão).

Cette trouvaille, plus un autre événement, l’amène doucement à avoir envie de faire quelque chose de sa vie. Il décide de quitter le domicile parental et se trouve une chambre dans un appartement en colocation, avec trois jeunes femmes légèrement plus âgées que lui. Il obtient aussi un emploi dans une librairie, grâce à son père, et la perspective d'une possible relation sentimentale avec une Française (Cécile Matignon) qu’il a rencontrée le jour de son anniversaire se dessine.

Les gens vont et viennent, et parfois reviennent, dans la vie de Nicolau, dont certains venus de France ou d'Espagne, dans une sorte de ballet fluide qui se reflète dans le rythme du film. Le montage décontracté mais régulier de Luís Miguel Correia convient bien à l’atmosphère de Lisbonne, l’autre grand personnage du film. Paulo Menezes filme l'ensemble de manière classique, laissant le charme irrésistiblement élimé de la ville et les lumières chaudes des intérieurs parler d'eux-mêmes, accompagnés d'un design sonore naturaliste. La musique est strictement intradiégétique, puisque c'est celle du groupe de Nicolau, sauf à un moment où un passage à la guitare extrait de leur répertoire vient colorer une transition.

Ça cause beaucoup dans ce film, ce qui, ajouté à l'ambiance et au décor, renvoie à la Nouvelle Vague, particulièrement Rohmer. Les sujets sont sérieux (l’amour, la mort, le capitalisme, l'architecture, l’environnement, le patriarcat, la précarité de l’emploi), mais ils sont surtout abordés par des personnages secondaires en guise de commentaire sur l'intrigue, souvent en citant directement des philosophes. De même, les émotions sont nommées et décrites, mais jamais vraiment jouées à l'écran. Bresson serait fier, comme dirait un critique de la Cinemateca qui ne s'exprime qu'à travers des citations de l'icône du cinéma français. Rosas ajoute un autre niveau métacinématographique autoréférentiel en apparaissant dans un petit rôle : celui d'un réalisateur de films qui fréquente la librairie et se plaint du fait que son film, sur les jeunes dans la ville, n'a pas été compris par le public. L'ensemble est joué de manière légèrement ironique, et la même approche, tout à fait intentionnelle, est adoptée pour certains retournements de situation dont il apparaît ensuite qu'il ne s'agissait pas de développements clefs dans l'intrigue.

The Luminous Life a été coproduit par Midas Filmes (Portugal) avec Les Films de l'Après-Midi (France). Les ventes internationales du film sont assurées par Loco Films.

(Traduit de l'anglais)

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