07/07/2025 - Vojtěch Strakatý mêle mystère et réalisme magique autour de l’histoire de trois jeunes femmes qui découvrent un petit plan d’eau sur une île, ce qui ne va pas aller sans quelques effets fantastiques

Nikola Kylarová (à gauche) et Eliška Bašusová dans The Other Side of Summer

Sur une île au milieu d'un lac, une petite piscine d'eau marron bouillonne mystérieusement qui avale quiconque ose s'y aventurer. Les secrets de cet étrange plan d'eau sont le dispositif central de The Other Side of Summer [+lire aussi :
interview : Vojtěch Strakatý
fiche film], le deuxième long-métrage de Vojtěch Strakatý après After Party [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Vojtěch Strakatý
fiche film] (2024), également scénarisé par lui. Ce film qui combine réalisme magique et mystère, avec une pincée de drame d'adolescentes, vient de faire sa première mondiale dans le cadre de la compétition Proxima du 59e Festival international du film de Karlovy Vary.

Bětka (Lucie Fingerhutová) et Alma (Nikola Kylarová), deux meilleures amies de 15 ans, profitent de leur dernière journée de vacances ensemble au bord d'un lac, supervisées par la grande sœur de la première, Marie (Eliška Bašusová), dont la responsabilité principale est de s’assurer qu’elles ne vont pas faire le mur la nuit avec l’alcool stocké un peu n’importe comment dans la cabane. Chaque membre du trio central suit son propre parcours de découverte de la féminité à l'approche de l'âge adulte : Bětka cache les cicatrices des coupures qu’elle se fait elle-même, Marie gère sa consommation d’alcool en se faisant vomir tout au long de la journée, Alma ne veut pas penser au fait que ses parents ont l’intention de l’envoyer aux États-Unis. La curiosité d’Alma va avoir raison d'elle, l'amenant à découvrir la piscine sur l'île. Là, elle fait la connaissance d'Aneta (Sofie Anna Švehlíková), qui a été happée dans ces eaux boueuses un an plus tôt et qui en est ressortie très affectée émotionnellement.

Dans sa première demi-heure d’exposition, l'attention est partagée entre les trois jeunes femmes sans qu'on n'explore de plus près leurs situations individuelles et hélas, cela les prive d'épaisseur. Il est de fait surprenant que le lagon secret, qui fait figure de portail vers d’autres endroits, ne joue pas davantage un rôle de métaphore pour combler ces espaces en blanc et nourrir un propos sur la période de transition qu'est le passage à un jeune âge adulte pour les femmes. Disparaître dans l'eau pourrait représenter la transformation, au lieu de n'être qu'un dispositif pour un film d’évasion.

L'élément narratif le plus fort du film devient ainsi le mystère derrière la piscine, qui reste voilé conceptuellement sur près des deux tiers de la durée du film – photographiée par Stanislav Adam, la forêt de l'île a quelque chose de sombre, mais évoque aussi les possibilités. Le côté inquiétant de cet environnement boisé ressort dès qu'intervient la douce musique d’ambiance d'Amelie Siba et Kryštof Kříček, qui reflète simultanément l'inconnu en nous et les angoisses existentielles des jeunes femmes. Si le conflit qui naît des mésaventures des filles n'arrive pas à atteindre le niveau fièvreux qu'on pourrait espérer, le dénouement est assez charmant pour qu'on sourie tout de même.

The Other Side of Summer est une coproduction tchèque-croate qu'a pilotée Beginner’s Mind, en coproduction avec la Télévision tchèque, Wolfgang & Dolly et Sleepwalker. Les ventes internationales du film sont gérées par ArtHood Entertainment.

(Traduit de l'anglais)