Critique : Rain Fell on the Nothing New
par Olivia Popp
- Dans un film dont le héros est un garçon qui vient de sortir d'un centre de détention pour mineurs, Steffen Goldkamp réfléchit aux failles du système à cause desquelles les choses se répètent

Les vieilles habitudes ont la peau dure, surtout quand on se débat dans la vie et que le monde semble ligué contre vous. Cette idée s'avère être le thème sous-jacent de Rain Fell on the Nothing New de Steffen Goldkamp, un film dramatique teinté de polar intégrant des éléments (les moins conventionnels) propres au récit d’apprentissage. Après un court-métrage projeté à Venise, le scénariste et réalisateur allemand a dévoilé ce premier long-métrage en première mondiale dans le cadre de la compétition Proxima du Festival de Karlovy Vary.
On fait la connaissance de David (Noah Sayenko, dont le visage impassible convient parfaitement à l’archétype qu’il est censé représenter) dans une prison juvénile de Hambourg où il semble qu'il ait déjà passé plus de deux ans. Le moment de sa libération est venu, et il doit se réacclimater, mais trouve du réconfort auprès de sa petite amie Janine (Kim Lorenz) et ses copains du quartier, dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils sont de mauvaise influence. Quand il se fait congédier sans cérémonie d’un restaurant où il travaille à la plonge, parce que le patron ne veut plus d'employés avec casier judiciaire, David est de plus en plus désespéré d'avoir quelque revenu, de gagner sa vie d'une manière ou d'une autre, alors il retombe dans ses vieilles habitudes.
Goldkamp a recouru à un groupe d’acteurs non professionnels pour composer sa galerie de personnages, qui deviennent pour notre jeune héros des déclencheurs ou des appels à l’action. L'histoire est classique, on l'a déjà vue sous une forme ou une autre, mais ce ne serait pas nécessairement un inconvénient si le film parvenait à exploiter à plein sa source de tension centrale (David va-t-il craquer, ou rester sur le droit chemin ?) au-delà des brèves interactions qui permettent d'esquisser l’histoire, mais nous laissent avec l’impression que tout le potentiel du film n’a pas été suffisamment exploité. On a du mal à creuser l’intériorité de David tandis qu’on le voit, comme c'était à prévoir, devenir victime d’un système de réinsertion lacunaire.
Ainsi, si le ton du film est très bien maîtrisé, le travail qui y est fait sur l'image l'emporte sur l'histoire elle-même. L’esthétique de film criminel de ce titre est sa plus grande force : Goldkamp et son chef opérateur Tom Otte rendent habilement l’obscurité des bas-fonds, particulièrement les bleus luisants et profonds de Hambourg la nuit, où les vieilles habitudes chassées par David reviennent au galop. Rain Fell on the Nothing New soulève des questions sociales très pertinentes voire brûlantes et part d'une prémisse qui pourrait mener à quelque chose de plus large, mais le scénario ne creuse jamais assez la situation de David pour satisfaire pleinement.
Rain Fell on the Nothing New a été produit par la société hambourgeoise Tamtam Film GmbH. Les droits internationaux du film sont encore disponibles.
(Traduit de l'anglais)
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