Critique : The Dead of Winter
par Muriel Del Don
- Brian Kirk transporte le public dans les plaines enneigées du Minnesota, où la nature vierge dans laquelle gravitent les personnages cache des dangers inattendus

À la fois captivant et touchant, le nouveau long-métrage du réalisateur nord-irlandais Brian Kirk The Dead of Winter [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], présenté en première mondiale sur la Piazza Grande du Festival de Locarno, est dominé par la présence magnétique d'Emma Thompson dans le rôle d'une héroïne prête à tout pour mener sa mission à bien. Mais de quelle mission s’agit-il ? Qu'est-ce qui se cache derrière ce personnage en apparence placide et inoffensif qui a passé toute sa vie en pleine nature ? The Dead of Winter tient le public en haleine avec un récit riche en coups de théâtre inattendus, chargé de tension et cruel, mais aussi tendre et empreint d’une grande humanité.
En parcourant un Minnesota du Nord enneigé et tempétueux pour aller pêcher, une femme dont on va découvrir qu’elle a perdu il y a peu le mari avec lequel elle a passé toute sa vie (une touchante Emma Thompson) tombe par hasard sur une adolescente qui a été enlevée (Laurel Marsden). Cette dernière étant perdue dans la forêt sans portable en état de marche, le personnage central de The Dead of Winter comprend qu'elle est le seul espoir de la jeune fille, une faible lueur au bout du tunnel où elle est encore engloutie. Retenue prisonnière dans une cabane de bois par un couple mystérieux qui fomente un plan machiavélique tout aussi mystérieux impliquant une affreuse greffe d'organe, l’adolescente ne peut que se fier à sa sauveuse. Notre héroïne, résolue à la libérer et prête à tout pour le faire, ne recule devant rien, comme si elle n’avait plus rien à perdre.
Ce qui surprend dans le personnage interprété par Emma Thompson, c’est que malgré le fait qu’elle parvienne à tenir tête aux agresseurs et trouve toujours une manière de sortir de situations qui semblent désespérées, il s’agit d’une femme somme toute assez normale, une femme qui a passé sa vie dans la nature en compagnie de son cher compagnon. Ce n'est pas une superhéroïne dotée de superpouvoirs, mais une femme ordinaire qui se transforme, par nécessité, en guerrière prête à tout pour sauver une jeune vie. Nous découvrirons, à travers de brefs flashbacks, que sa vie a été épanouissante et heureuse, qu'elle a mené une vie simple en apparence, mais riche en sentiments profonds. Bien qu’elle soit encore sous le choc de la mort récente de son mari, retrouver la jeune fille semble lui redonner de la force, comme si sa vie avait de nouveau un but et que son cœur recommençait de battre.
The Dead of Winter est un thriller implacable et haletant, mais aussi une histoire de résilience, le portrait à la fois profond et touchant d'une femme qui vit sa vie selon ses propres règles. Féroce et décidée à dire adieu à son compagnon à l'endroit même de leur premier rendez-vous, l’héroïne de The Dead of Winter fait de son corps une armure, une instrument grâce auquel elle peut imposer son discours, sa philosophie de vie personnelle. La photographie majestueuse dominée par le blanc aveuglant de la neige (un travail de Christopher Ross) et la bande originale, mystérieuse et poétique, composée par Volker Bertelmann, transforment The Dead of Winter en ode non seulement à la résilience, mais aussi à la nature – une nature apparemment inviolée qui, comme la nature humaine, est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.
The Dead of Winter a été produit par Stampede Ventures (États-Unis) et augenschein Filmproduktion en coproduction avec Leonine Studios et ZDF. Les ventes internationales du film ont été confiées à north.five.six (États-Unis).
(Traduit de l'italien)
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