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LOCARNO 2025 Cinéastes du présent

Critique : The Fin

par 

- Syeyoung Park nous entraîne dans un parcours riche en émotions, dans une Corée post-apocalyptique réunifiée, mais dévastée

Critique : The Fin

S'agissant d’imaginer les horreurs que nous réserve le futur, notre imagination s’avère souvent sans limites. La véritable terreur ne vient néanmoins pas tant de ce qu'on peut imaginer que du lien de ces inventions aux situations et événements que nous observons dans le monde actuel et dans notre environnement immédiat. Cela vaut aussi pour le nouveau film d’horreur dystopique de Syeyoung Park, The Fin [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, en lice dans la section Cinéastes du présent de Locarno, où il a fait sa première mondiale.

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Après une catastrophe environnementale, la péninsule coréenne est unifiée et ne forme plus qu’un État qui peut se vanter de bénéficier des technologies les plus avancées du sud ainsi que de tout l’appareil de propagande du nord. Sauf que le désastre a donné lieu à une nouvelle division : si la plupart des gens vivent presque normalement, quoiqu’avec certaines restrictions (par exemple, être sale est vu comme un acte patriotique, car cela économise de l’eau), les individus Oméga, qui ont muté, sont tenus en captivité de l'autre côté du Grand Mur de Corée et utilisés comme esclaves pour nettoyer la pollution. La propagande l’État les classe comme des ennemis, et invite les autres à rejoindre le service civil qui combat et attrape les Oméga en fuite.

L’un d’eux (Goh-woo) disparaît d'une des colonies. On apprend qu'il a entrepris de retrouver Mia (Yeon Ye-ji), également Oméga, qui vit cachée et travaille dans une étrange poissonnerie qui vend en fait à ses clients la nostalgie des "manières du vieux monde". Parallèlement, Su-jin (Kim Pur-eum), nouvelle recrue de la branche jeunesse du Service civil pour la liberté de la Corée, se lance dans une mission visant à capturer les Oméga planqués, dont Mia, mais plus elle s’implique dans son travail, plus elle s'interroge sur la propagande officielle.

On repère sans mal, dans cette vision sinistre du futur, les détails se référant à notre propre monde, des divisions nationales et de classe à la toxicité de la propagande et l’obsession qu'a chacun de protéger sa sécurité, perpétuellement en danger à cause des autres. Cependant, connecter The Fin à des choses spécifiques, comme la division de la Corée, la crise des réfugiés, l'exploitation de travailleurs migrants étrangers et les deux mandats présidentiels de Donald Trump serait superficiel, parce que Park crée son univers à lui, et il le fait à partir de rien et en profondeur, en le composant soigneusement et avec beaucoup de retenue à partir de personnages et d'une intrigue très bien développés dans son scénario.

La plus grande force de The Fin est toutefois son exécution, qui découle en partie du budget limité du film et en partie du modus operandi habituel du cinéaste, tel qu'on l'a découvert dans son long-métrage précédent, The Fifth Thoracic Vertebra (2022). Il comprend notamment des éléments de cinéma vérité, car Park et son équipe ont parfois tourné dans des conditions incontrôlables. Bien que les couleurs du ciel, de la terre et de l’eau soient assez peu naturels, comme le requérait le scénario, la photographie (assurée par Park lui-même) rend ces images presque tangibles compte tenu de leur ressemblance à celles des films en 16 mm, dont elles ont également le grain. Si le montage du film (par Park, Han Ji-yoon et Clémentine Decremps), qui s'est étalé sur plusieurs années, a demandé de re-tourner certaines scènes, ça a toujours été moins pour des raisons d'intrigue que pour l’atmosphère, pour ce qui se dégage du film. À cet égard, il convient de louer les acteurs pour leur travail dévoué, spécialement en termes de micro-interprétation quand Park opte pour des gros plans. Il faut aussi mentionner le principal compositeur, Haam Seok-young, dont la musique dominée par le piano invoque le juste niveau de mélancolie. De fait, The Fin est un remarquable exemple de film de genre d'auteur, qui pourrait s’avérer une véritable découverte sur le circuit des festivals cette année.

The Fin est une coproduction entre la Corée du Sud, l’Allemagne et le Qatar qui a réuni les efforts de Seesaw Pictures, Pretty Things Films et Essential Filmproduktion. Les ventes internationales du film sont assurées par Coproduction Office.

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(Traduit de l'anglais)

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