email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2025 Hors compétition

Critique : Il Vangelo di Giuda

par 

- Dans son nouveau film, Giulio Base essaie de raconter l’histoire du Christ à travers le regard de Judas, et le résultat est convaincant

Critique : Il Vangelo di Giuda

L’histoire de Jésus-Christ, sa vie, son époque, sa mort pour les péchés de toute l’humanité, n'est pas franchement nouvelle ni méconnue. On la connaît des évangiles, d'autres œuvres littéraires, ainsi que de nombreux films. Cependant, si dans ce dernier cas, l'histoire a été racontée selon différents points de vue, aucun cinéaste n’a encore essayé de la raconter selon la perspective de Judas Iscariote, celui qui a trahi son prophète et messie.

Du moins était-ce le cas jusqu’à ce que Giulio Base, homme aux multiples talents (docteur en littérature, philosophie, théologie, acteur et réalisateur avec des dizaines de films à son actif), ne décide de faire précisément cela. Son deuxième long-métrage cette année, Judas’ Gospel [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, vient de faire sa première hors compétition au Festival de Locarno.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
muestradecinedelanzarote_2025_Laura

Base ouvre le film sur la passion du Christ (Vincenzo Galluzzo), mais tourne promptement son attention vers un autre homme qui est mort aussi ce jour là : Judas, disciple et traître du Christ (auquel Giancarlo Giannini prête sa voix), qui s’est pendu dans un geste de solidarité et de rédemption pour ses actes. C'est lui qui devient notre narrateur et remonte, à partir de là, dans le temps pour raconter l’histoire selon son point de vue.

Judas, demi-frère de Marie-Madeleine, est né dans un bordel d’une prostituée et d’un père inconnu. Son premier "crime" fut sa naissance, à laquelle ni sa mère, ni son jumeau n’ont survécu. Petit garçon, il a tué le propriétaire de la maison de prostitution, qui abusait de lui, ainsi que son homme de main, et a repris le commerce de la vente du corps des gens. Il est ainsi devenu un homme riche et sans scrupules, jusqu’à ce que sa demi-sœur se mette à suivre les enseignements du nouveau prophète. Lui aussi s'y est intéressé, au point qu'il a renoncé à la vie qu'il avait menée jusque-là, et à sa richesse.

Hélas, après un premier tiers prometteur qui dépeint un univers de décadence et de débauche avec un certain culot et sans lésiner sur l'élément sordide, le film retombe dans les rails de l’histoire qu’on connaît déjà. Bien qu'elle soit entièrement racontée par Judas (littéralement : c'est le seul rôle parlant du film), les spectateurs n'y trouveront pas beaucoup d'idées nouvelles. Paradoxalement, il n’y a pas assez de Judas et de sa personnalité dans Judas’ Gospel.

Bien que les stars internationales à l'affiche du film – Rupert Everett dans le rôle du grand-prêtre Caïphe, Paz Vega dans celui de Marie, John Savage en Joseph ou encore Abel Ferrara en Hérode – réussissent bien à relever le défi de jouer avec des moyens d’expression limités, l’approche de Base dans son ensemble fait l'effet d'un gimmick. La même chose vaut pour la décision de ne jamais révéler le visage de Judas (qui est toujours montré de dos – pour autant qu'on sache, il pourrait même s'agir du réalisateur lui-même) ainsi que pour l’opposition entre notre héros et le reste des personnages, qui dégage une impression d'artificialité.

De la même manière que le récit et la narration s'essoufflent après un début encourageant, la mise en scène décline. Le travail habile du chef opérateur Giuseppe Riccobene devient plus chaotique dès que la caméra n'est plus tenue qu'à l'épaule, et la musique de Checco Pallone, "blasphématoire" et puissante dans le générique de début, tombe dans le stéréotype de la musique ethnique générique qu'on entend dès qu'un film se situe dans un décor moyen-oriental. Il faut reconnaître toutefois que Judas’ Gospel se rattrape un peu grâce aux riches références à des travaux littéraires, philosophiques, théologiques et artistiques brodées dans le tissu visuel du film, et grâce au montage compact de Natascia Di Vitto, qui rend l'ensemble regardable et intrigant. En somme, Judas' Gospel n’est peut-être pas un film essentiel à regarder, mais il témoigne à la fois de l’ambition et des défauts de la manière dont Giulio Base a choisi d'aborder son intrigant sujet.

Judas’ Gospel est une coproduction italo-polonaise qui a réuni les efforts des sociétés Agnus Dei Production, Rai Cinema, Agresywna Banda et Minerva Pictures, qui s'occupe aussi de la distribution internationale du film via sa branche ventes internationales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy