30/08/2025 - VENISE 2025: Le nouveau film du cinéaste lituanien Šarūnas Bartas raconte un touchant travail de deuil après un décès dévastateur, dans un film intense en réflexions sur la vie, la mort et la nature

Il y a des films dont il est difficile de parler sans éprouver un sentiment d’inadéquation par rapport à ce qu’ils racontent, des films tellement intimes, où l’auteur(e) se met à nu pour reparcourir des événements tellement tragiques de sa propre vie que toute analyse ou commentaire paraît redondant. Laguna [+lire aussi :
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fiche film], de Šarūnas Bartas, est de ces films. Le cinéaste lituanien encensé y revient sur un deuil dévastateur, celui de sa fille aînée Ina Marija, disparue trop jeune, très soudainement, et il le fait en retournant dans les lieux que cette dernière a aimés et où elle a vécu avant de mourir dans un terrible accident.

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Dans ce film, qui a fait l'objet d'une séance spéciale aux 22e Giornate degli Autori de Venise, le réalisateur de Frost [+lire aussi :
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fiche film] (le candidat lituanien aux Oscars en 2017) et d'Au crépuscule [+lire aussi :
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fiche film] (2020), tous deux sélectionnés à Cannes, accomplit ce voyage avec sa fille cadette, Una, jusqu'à un village situé sur la côte Pacifique du Mexique niché dans un paysage inviolé, primitif. C'est une zone fréquemment frappée par les cyclones, mais où la nature fait preuve d’une extraordinaire résistance et capacité de renaissance, un paysage où la jeune Ina Marija aimait s'immerger, quand elle a déménagé là-bas pour jouer dans un film. En voix off, Bartas nous parle d’elle. Suit un long silence, tandis que la caméra filme la lagune, les marécages, une tortue de mer qui dépose ses œufs sur la plage. L’impression est que le réalisateur veut nous faire voir et respirer ce que sa fille a vu et respiré, y compris les locaux, le récit de leurs vies, leur quotidien simple.

Et puis il y a les dialogues entre Bartas et sa fillette, devant le feu, des moments de grande tendresse, de réflexion, de rires et de larmes, pendant lesquels l’objectif se pose sur le visage de cette enfant lumineuse et sur ses subtils changements d’expression quand elle se demande où vont les personnes mortes. "Nous ne savons pas comment ça va finir, et c’est ça qui rend la vie intéressante", lui dit son père. Mais certaines personnes meurent trop tôt, et la seule manière de les maintenir en vie est de se souvenir d’elles. Bartas choisit de partager ses souvenirs personnels avec le public, sans suivre un schéma narratif traditionnel. En procédant par fragments sensoriels, évocateurs, il laisse le spectateur construire lui-même, lentement, son propre film, et en tirer ce qu’il veut. "Je ne savais pas qu’un cyclone pouvait être aussi puissant avant de me retrouver dedans", dit le cinéaste, et on sent bien qu'il ne se réfère pas qu'à un événement climatique. C’est fort, pour le spectateur, d'observer ce père qui, malgré la souffrance qu’il porte gravée dans chaque trait de son visage, aborde de front la douleur et le deuil et guide doucement sa fille pour qu'elle fasse la même chose, l’invitant à ne pas pleurer parce qu'Ina Marija n’est plus là, mais à être reconnaissante qu'Ina Marija ait existé.

Laguna a été produit par la société lituanienne Studija Kinema avec la française KinoElektron, en coproduction avec so-cle et Arte France Cinéma. Les ventes internationales ont été confiées à Shellac.

(Traduit de l'italien)

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Sharunas Bartas
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