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VENISE 2025 Hors-compétition

Critique : The Tale of Silyan

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- VENISE 2025 : Ce nouveau documentaire de facture impeccable par la réalisatrice de Honeyland, Tamara Kotevska, assemble un conte folklorique macédonien du XVIIe siècle et un récit social contemporain

Critique : The Tale of Silyan

La réalisatrice de Honeyland [+lire aussi :
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, Tamara Kotevska, revient avec un film réussi et intéressant, mais trop impeccable, qui laisse peu de place pour l’interprétation. The Tale of Silyan a fait sa première mondiale hors compétition à la Mostra de Venise.

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Le titre de ce documentaire reprend celui d'un récit folklorique macédonien du XVIIe siècle, qu'un narrateur à la voix rauque nous raconte en voix off tout au long du film. Dans cette histoire, un jeune garçon appelait Silyan ne veut pas prendre part à l'éprouvante vie de sa famille de fermiers, tant et si bien que son père le punit en le transformant en cigogne, le condamnant ainsi à toujours migrer et à ne jamais avoir de terre qui soit sienne.

Dans le présent, on rencontre notre héros, le fermier sexagénaire Nikola, et sa famille : sa femme Jana, sa fille Ana, le mari de cette dernière et leur fillette. Ils travaillent dans les champs, récoltent du tabac, des pastèques, des pommes de terre et des poivrons. Leur vie paraît tout à fait idyllique et heureuse, jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que les nouvelles mesures mises en place par le gouvernement sur le prix des fruits et légumes et fruits sont intenables. Ils ne sont pas les seuls : les fermiers organisent donc un mouvement de protestation, détruisant leurs récoltes en les écrasant avec leurs tracteurs.

Ana décide d’emmener sa famille en Allemagne pour aller y chercher une vie meilleure, mais ce n’est pas évident avec un enfant en bas âge, de sorte que Jana les rejoint pour les aider. Nikola reste ainsi seul à la ferme. Il met sa terre en vente et abandonne l’agriculture pour aller travailler dans une décharge comme conducteur de bulldozers et de tracteurs.

Leur village est connu pour avoir la plus grosse population de cigognes de Macédoine du Nord, et comme l’explique le plus proche ami de Nicolas, Ilija, les oiseaux y avaient auparavant l'habitude de suivre les tracteurs dans les champs pour picorer les fruits et légumes restants. À présent, ils vont se nourrir à la décharge. Nikola en trouve une qui a une aile cassée et l’adopte.

L’approche de Kotevska pour aborder ces sujets fait très authentique. Le film parle du déclin des petits fermiers, de migration économique et de la dissolution de la cellule familiale au sens large dans les Balkans, d'environnement et aussi de l’amitié entre un homme sensible et un bel animal. Cependant, la narration, très linéaire, manque d’ambiguïté, et la production est si soignée qu'on a du mal à accorder au film la confiance qu’on accorde habituellement à un documentaire. Ce qui ne veut pas dire que tout est faux là-dedans, juste que tout semble s'être trop bien arrangé pour arriver à cette construction.

La succession des événements, parfaitement fluide, où chaque action a une conséquence immédiate et directe, combinée aux dialogues trop axés sur l’exposition, nous donne toutes les réponses, et l’association de l’histoire de Nikola avec le conte folklorique coche trop de cases, ce qui ne laisse pas de place, dans ces conditions de confort achevé, pour que le spectateur ait quoi que ce soit à interpréter. Au niveau de la production, la majestueuse photographie en 16/9 du chef opérateur et producteur Jean Dakar crée un effet de contrepoint entre les longs plans sur les cigognes en plein vol et des scènes extrêmement détaillées où on les voit nourrir leurs petits. Les changements de mise au point sont fréquents et précis, les compositions complexes (avec des figures toujours parfaitement positionnées dans le cadre), les couleurs intenses et les contrastes nets. La musique orchestrale grandiose de Joe Wilson Davies et Hun Oukpark intègre, comme on pouvait s’y attendre, de la couleur locale (via des flûtes et tambours typiques des Balkans) ainsi que des bruits diégétiques de becs de cigognes, combinés avec des percussions. C’est un film magnifique, actuel, intéressant, facile à regarder, mais à tel point que c'est probablement ça, son plus gros problème.

The Tale of Silyan a été coproduit par les enseignes américaines Concordia Studio et The Corner Shop avec la société de Kotevska et Dakar, Ciconia Film (Macédoine du Nord). Les ventes internationales du film sont assurées par Dogwoof. Entre son ancrage local, sa portée universelle et le tremplin offert au film par Venise et Toronto, la réalisatrice compte peut-être sur une deuxième nomination aux Oscars.

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(Traduit de l'anglais)

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