VENISE 2025 Giornate degli Autori
Critique : Bearcave
par Olivia Popp
- VENISE 2025 : Stergios Dinopoulos and Krysianna B. Papadakis se penchent sur les attentes de la société par rapport à deux meilleures amies dans la campagne grecque

Le long-métrage Bearcave [+lire aussi :
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fiche film], écrit et réalisé par Stergios Dinopoulos et Krysianna B Papadakis, est une adaptation du court-métrage de 38 minutes portant le même titre qu'ils ont réalisé en 2023. Le duo traite des destins enchevêtrés de deux jeunes femmes et meilleures amies grecques vivant à la campagne pour aborder les motifs, opposés mais indissociables, de l'évolution individuelle et de la stagnation sociale. Le film, qui a décroché le premier prix de la compétition Works in Progress de Thessalonique en 2024, vient de faire sa première mondiale aux Giornate degli Autori de Venise.
Argyro (Hara Kyriazi), qui tient une ferme, et Anneta (Pamela Oikonomaki), populaire dans le coin comme manucure, sont deux meilleures amies qui vivent dans une petite ville grecque et mènent chacune leur bataille autour des attentes qu'a la société par rapport aux femmes. Anneta, récemment tombée enceinte, veut déménager dans la grande ville de Larissa, la capitale de la Thessalie, où il y a trois boîtes de nuit qui sont toutes des boîtes de strip-tease (une blague récurrente dans le film), pour aller vivre chez les parents de son petit ami policier Giorgos. La famille d’Argyro, qui est amoureuse d'Anneta, la pousse à ressembler davantage à sa copine, pendant que les avances incessantes d'un motard qui a des vues sur Argyro, Mike (Sozos Christou), se font de plus en plus pressantes. De son côté, Anneta se rend vite compte que sa nouvelle vie n'est pas si formidable que ça.
Le film, qui dure plus de deux heures et se divise en plusieurs chapitres, pâtit de la forme méandreuse que prend le récit, exacerbée par un manque de profondeur dans le lien qui unit ses deux figures centrales. Au début de l’histoire, Argyro essaie de convaincre Anneta de visiter la cave du titre (elle-même associée à son propre mythe mystérieux selon lequel elle porterait malheur, ou en donnerait du moins l'impression), mais on a du mal à comprendre, par exemple, quelles sont ses vraies raisons. Bearcave flirte avec l'idée de la connexion qui pourrait exister entre les deux femmes, au-delà de leur quête d’intimité, mais cette suggestion finit engloutie sous les promesses de l’environnement patriarcal et évacuée du cadre délimité par le sexisme qui règne autour d'elles.
Dinopoulos et Papadakis badinent avec un traitement légèrement expérimental de l'image (en complicité avec le chef opérateur Arsinoi Pilou) et du montage (opéré par les co-réalisateurs et Vagelis Katsaros). Ils usent par exemple de vidéos verticales, de plans présentés en alternance et de différents formats d'image, pour produire un effet déroutant. Le duo en appelle aux souvenirs bancals et aux fantasmes des deux femmes ensemble pour compléter notre compréhension de l’histoire, même si l’impression est que le procédé revient trop peu fréquemment pour avoir un impact significatif. Tout ceci pour dire que Bearcave joue avec des visuels et des thématiques intéressants, mais que son exécution d'ensemble s'avère vite trop éparpillée pour conserver l’attention du spectateur sur toute sa durée.
Bearcave a été produit en Grèce par Pame Ligo Collective en coproduction avec Pucci Productions. Les droits internationaux du film sont encore disponibles.
(Traduit de l'anglais)
Galerie de photo 29/08/2025 : Venice 2025 - Bearcave
11 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.



© 2025 Isabeau de Gennaro for Cineuropa @iisadege
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