04/09/2025 - VENISE 2025 : Nicolas Wadimoff réunit neuf réfugiés palestiniens et écoute le récit de leurs vies d'avant, à Gaza, donnant ainsi un visage au désespoir d'un peuple qui est en train de tout perdre

Ils sont écrivains, managers, journalistes, musiciens, artistes, étudiants, influenceurs. Ils ont tous entre 14 et 62 ans. Ils avaient une maison, un travail, une famille, une terre : Gaza. Aujourd'hui, ils ont tout perdu : ils sont devenu des chiffres. Le réalisateur suisse Nicolas Wadimoff leur rend leurs visages dans Qui vit encore [+lire aussi :
interview : Nicolas Wadimoff
fiche film], présenté aux 22e Giornate degli Autori de Venise parmi les séances spéciales, un documentaire aussi puissant que minimaliste où neuf réfugiés palestiniens racontent leur vie sur la Bande avant que n’éclate l’enfer, c'est-à-dire que le gouvernement israélien ne décide d’éradiquer leur présence sur ce sol en réponse aux événements du 7 octobre 2023. Neuf Palestiniens, une carte de Gaza, et rien d’autre que des mots.

Le travail de Wadimoff démontre qu'en cette époque où nous sommes constamment envahis par d'innombrables images violentes, les mots redeviennent plus forts que jamais. Un peu comme ce qu'on avait dans Dogville [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film] de Lars Von Trier, la carte de Gaza est dessinée en blanc sur un sol noir et tout ce qui l'entoure est plongé dans l'obscurité. Les différentes villes de la Bande sont représentées par des carrés où se tiennent les neuf personnages, selon leur provenance. Tout en racontant ce qu'ils ont vécu, ils se déplacent d’un carré à l’autre : certains ont été déplacés plus de vingt fois. Ils parlent de leurs maisons, construites par leurs familles au prix de mille sacrifices, qu’ils ont vues voler en éclats en un instant. Ils racontent comme Gaza était belle et comment, du jour au lendemain, ils ont dû empaqueter toute leur vie dans une valise. Ils pensaient que l'attaque n'aller durer que quelques jours, et voilà qu'elle n'en finit plus.

On nous rappelle que ces neuf personnes, toutes réfugiées en Égypte, sont des privilégiés, parce qu'au moins, ils ont pu payer pour s’en aller et se mettre en sécurité. Pourtant, tous ont perdu des proches (dans certains cas toute leur famille), tous portent le poids accumulé des massacres, des rêves brisés, des souvenirs de lieux qui n’existent plus, de pierres, d’arbres, d’animaux qui à présent, ont tous été détruits. Le fait qu’ils aient tous des métiers, qu’ils soient instruits, fait qu'on se sent encore plus proche d'eux : il ne s'agit pas d'une masse informe de terroristes, comme on voudrait nous le faire croire, mais d'hommes et de femmes qui ont tous leurs activités, leurs liens affectifs, leurs projets et leurs passions. Parmi eux, certains voudraient oublier Gaza pour toujours, mais d’autres soutiennent que Gaza a besoin de personnes fortes qui ne perdent pas l’espoir d'y retourner : "Si nous ne parlons pas, qui va le faire ?".

Qui vit encore, semblable à une thérapie de groupe dont les participants se remettent en contact avec eux-mêmes et avec leurs souvenirs, pour revendiquer leur droit d’exister et de cesser de n'être que des fantômes, est un document précieux empli de courage et de volonté de résistance, un travail sobre, respectueux, qui ne se complaît pas dans les larmes, mais rend à ces âmes déchirées leur humanité. Ils s'appellent Jawdat Khoudari, Mahmoud Jouda, Adel Altaweel, Haneen Harara, Malak Khadra, Hanaa Eleiwa, Firaz Elshrafi, Eman Shanan et Ghada Alabadla. Le film a été tourné en Afrique du Sud, un des rares pays du monde qui permet aux Palestiniens d’entrer sans visa.

Qui vit encore a été produit par Akka Films (Suisse), Easy Riders Films (France) et Philistine Films (Palestine), en coproduction avec la RTS Radio Television Suisse et SRG SSR.

(Traduit de l'italien)

Galerie de photo 03/09/2025 : Venice 2025 - Who Is Still Alive

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Nicolas Wadimoff
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