VENISE 2025 Semaine internationale de la critique
Critique : Straight Circle
par Marta Bałaga
- VENISE 2025 : Cette satire un peu punk élaborée par Oscar Hudson est tellement d'actualité que c'en est presque douloureux

La politique est un cirque, dans la satire assez réussie dont nous allons parler, Straight Circle [+lire aussi :
interview : Oscar Hudson
fiche film], projetée à la Semaine internationale de la critique de Venise, comme dans la vraie vie. Le premier long-métrage d'Oscar Hudson, qui fait presque une overdose de split screens, montre une situation tellement idiote qu'elle pourrait être vraie : deux pays voisins essaient de coexister, si près l’un de l’autre que chacun peut littéralement entendre le leader de l'autre prononcer ses discours ronflants. Mais cette paix est fragile, et "un cessez-le-feu nécessite maintenance". En somme, tout le monde est à cran.
Avance rapide sur l'image de deux ennemis postés au milieu de nulle part, dans le désert. Bien que chacun tâche de se mêler de ses affaires tout en gardant la frontière, ils finissent par nouer un lien. On connaît l'histoire (enfin jusqu'à ce qu'on rase une tête de trop, que les recrues oublient de quel côté de la ligne elles sont censées être et que le tout bascule dans la folie et la sueur). Bien sûr qu'ils se lient d'amitié ; il n'y a rien à faire ici, ni à manger, et l’un d'eux a la fâcheuse tendance de tirer sur tout ce qui a la malchance de faire irruption dans ce lieu infernal. "C’est comme ça, les héros", chuchote l'un d'eux, mais il n’y a rien d’héroïque dans ce qu’ils sont en train de faire. Rien du tout.
On s'inquiète toujours à l'idée que ce genre de types soient joués, au cinéma, "par Frank Sinatra et John Wayne ou un de ces sales vieux bonshommes prestigieux à l'allure martiale", comme dit un personnage dans Abattoir 5 de Kurt Vonnegut. "Et la guerre aura une allure formidable, alors il y en aura encore plus". Pas cette fois. La guerre, ou du moins ce cessez-le-feu qui ne tient qu'à un fil, signifie ennui, violence maladroite et œufs durs. Ça signifie que voilà soudain un homme adulte en train de courir derrière une chèvre.
Hudson, dont le sens de l'humour sarcastique est aussi aride que ce foutu désert, voit bien toute cette absurdité et ne cesse de la montrer du doigt. Est-ce que son film aurait fait un meilleur court-métrage (car certaines des idées formulées tournent en rond) ? Peut-être. Mais il y a ici assez d’énergie frénétique pour rattraper toute répétition. Sans parler de la totale bizarrerie du film, joué par les jumeaux Luke et Elliott Tittensor, qui rappellent d'abord les pacifistes Lloyd et Harry de Dumb and Dumber, avant que leurs identités respectives ne se mettent à fondre complètement sous le soleil de plomb. Ils sont différents, du moins c'est ce qu'ils pensent au début, en s’occupant de leurs uniformes, mais plus ça va, plus ils deviennent totalement identiques. Et c’est exactement le genre de conclusion à laquelle les gens arrivent après n’importe quelle guerre. Et puis ils oublient, une fois de plus, et tout est à refaire.
Straight Circle est une coproduction entre les États-Unis et le Royaume-Uni qui a réuni les efforts de 2AM, Magna Studios, Such, BBC Films et Helekan Pictures. Les ventes internationales du film sont assurées par Global Constellation.
(Traduit de l'anglais)
Galerie de photo 02/09/2025 : Venice 2025 - Straight Circle
7 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.



© 2025 Isabeau de Gennaro for Cineuropa @iisadege
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