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TORONTO 2025 Discovery

Critique : Our Father

par 

- Dans le premier long-métrage de Goran Stanković, un nouvel arrivant dans un centre de désintoxication tenu par l'Église doit aussi comprendre comment évoluer dans une petite communauté

Critique : Our Father
Vučić Perović dans Our Father

En 2009, une polémique a éclaté en Serbie. Après que plusieurs vidéos aient fuité où l'on voyait les pensionnaires d'un centre de désintoxication tenu par l’église se faire battre, les méthodes peu orthodoxes du prêtre orthodoxe Branislav Peranović ont été exposées au grand jour. Le centre en question, situé sur les terres du monastère de Crna Reka, a dû fermer, mais Peranović a poursuivi son travail en fondant une autre clinique de désintoxication dans les locaux d’un autre monastère. Ce n’est que quand un de ses patients est mort sous ses coups, en 2012, que Peranović a été arrêté et défroqué. Cet été, enfin, il a été condamné à 20 ans de prison, même si sa condamnation n'est pas encore définitive.

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Après s'être fait un nom en réalisant plusieurs courts-métrages, un documentaire et plusieurs séries TV connues, comme Morning Changes Everything (2018) et Operation Sabre (2024), le réalisateur serbe Goran Stanković livre son premier long-métrage, Our Father [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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, fondé sur les témoignages des pensionnaires de Crna Reka. Le film fait sa première au 50e Festival de Toronto,  dans la section Discovery.

On suit les événements en adoptant la perspective d’un nouveau toxicomane en cours de réforme, Dejan (Vučić Perović, vu dans Mother Mara [+lire aussi :
critique
fiche film
]
), à partir de son arrivée au centre. Un pensionnaire qui connaît mieux les lieux, surnommé Mionica (et interprété par la star croate Goran Marković), devient son mentor, et Dejan apprend peu à peu les ficelles de la vie au centre. Ses tâches sont de suivre la voie indiquée par le père Branko (Boris Isaković), sûr de lui, hypocrite et souvent violent, et d'éviter ses irascibles "adjoints", Sava (Petar Novaković) et Ratko (Nenad Heraković).

Dejan se mettant à croire en Dieu et à l'enseignement du père Branko, il grimpe vite les échelons dans la hiérarchie de la petite communauté, mais quand une vidéo de lui recevant des coups pour ses turbulences du début est diffusée dans les médias, il se retrouve forcé de défendre le système controversé qui lui nuit autant qu'il l'aide. L'affaire ayant attiré l'attention du public, la question n’est pas de savoir si la situation va s’aggraver, mais plutôt quand quelqu’un va se retrouver mortellement blessé par ce pouvoir et cette violence qui s'exercent sans que personne ne s'y oppose.

La photographie de Dragan Vildović, qui a déjà travaillé avec Stanković sur son documentaire In the Dark (2014), rend les décors spartiates conçus par Zorana Petrov dans des teintes sombres et marron qui servent bien le sujet. De son côté, le montage de Marko Ferković souligne la structure en trois actes bien nette et assure que le film soit fluide et adopte le bon rythme pour sa durée de 90 minutes. Les acteurs sont également excellents : Boris Isaković interprète le méchant de manière nuancée, Vučić Perović représente l'homme ordinaire qu'est son personnage comme la star qu'il est, et Goran Marković fait de nouveau preuve d'une belle capacité à creuser ses rôles en profondeur et à constituer le pôle émotionnel perturbé du film.

Our Father est un film à l'atmosphère dense et chargée de tension, grâce au scénario de Stanković et de ses collaborateurs Ognjen Sviličić, Dejan Prćić et Maja Pelević, qui va au-delà du récit d'une affaire spécifique et touche aux éternelles questions psychologiques fondamentales. La mise en scène précise de Stanković est à mentionner. Son sens des cadrages est parfait : les activités quotidiennes sont filmées caméra à l'épaule, souvent en gros plan, de sorte que l’attention du spectateur est dirigée sur les visages des acteurs, ce qui renforce l’ambiance cachottière, alors que les scènes de violence, glaçantes, sont filmées en plan continu, de loin.

Tout ceci aboutit à un film qui est tout aussi efficace pour ceux qui connaissent les faits réels que pour ceux qui en entendent parler ici pour la première fois. Our Father est un film qu'aucun spectateur ne pourra chasser facilement de son esprit.

Our Father est une coproduction qui a réuni la Serbie, la Croatie, l’Italie, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Bosnie-Herzégovine, pilotée par This and That Productions en coproduction avec Nightswim, Pompom Film, Novi Film, Dream Factory et Kino. Les ventes internationales du film sont assurées par Split Screen.

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(Traduit de l'anglais)

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