SAN SEBASTIAN 2025 New Directors
Critique : The Son and the Sea
par Cristóbal Soage
- La Britannique Stroma Cairns se lance dans le long-métrage avec un film qui nous emmène, en compagnie de deux amis charismatiques et charmants, dans un voyage plein d'une émotion sincère

Jonah est un jeune un peu perdu qui ne sait pas très bien ce qui est en train de passer dans sa vie, qui noie son chagrin dans l’alcool et gère sa frustration en se bagarrant avec des gens qui ne méritent pas d’être les réceptacles de sa colère. C'est aussi le personnage principal de The Son and The Sea [+lire aussi :
interview : Stroma Cairns et Imogen West
fiche film], le premier long-métrage de Stroma Cairns, actuellement au programme de la section New Directors du 73e Festival de San Sebastian après avoir fait sa première mondiale dans la section Discovery de Toronto. Conscient de la spirale de perte de sens dans laquelle il est en train de sombrer, sous l'impulsion de son ami Lee, lui-même en crise à cause d’une rupture amoureuse, il décide de voyager jusqu’à la côte écossaise pour rendre visite à sa vieille tante et changer un peu d’air.
Dès les premiers instants du film, la complicité entre les deux héros est évidente. Si leur amitié déborde d'authenticité et de profondeur, le mérite en revient en grande partie au travail de Jonah West et Stanley Brock, qui font assurément ici des débuts magnifiques sur le grand écran. Il faut aussi mentionner l'excellent scénario de Cairns et Imogen West, qui sont parvenues à bâtir avec une fermeté admirable une aventure émotionnelle dans laquelle chaque personnage est dépeint avec sensibilité et un respect profond. Ici, la fureur et le désenchantement de jeunes angoissés, sans perspectives qui s'offrent à eux, cohabitent avec la délicatesse et la sagesse qui vont ressortir de ce voyage de découverte d'eux-mêmes et des gens qui les entourent.
Quand ils arrivent dans le petit village écossais de la tante de Jonah, les deux amis vont loger dans la maison de cette dernière, qui a quitté il y a peu ce ravissant foyer pour aller vivre dans une résidence pour personnes âgées. C'est d'ailleurs dans ce décor assez peu porteur d’espoir que vont avoir lieu certaines des plus belles scènes du film : la tendresse irrésistiblement émouvante qui se dégage du jeune homme dans toutes ses interactions avec la vieille dame permet au spectateur de découvrir la véritable nature de ce jeune gars, qui ne ressemble en rien au soûlot violent des premières scènes. C'est bel et bien de cela que parle The Son and the Sea : de la complexité des émotions humaines et de la profondeur et de la force des liens qui peuvent s’établir entre des personnes dont on n'aurait jamais cru qu'elles puissent nouer un tel lien.
Pendant leur voyage improvisé entrepris pour fuir on ne sait quoi, et trouver quelque chose dont personne ne sait précisément de quoi il s'agit non plus, les deux amis vont rencontrer des personnes qui vont changer leur vision de la vie. Parmi celles-ci se démarque en particulier Charlie, un jeune sourd-muet qui est dans le village pour rendre visite à son frère jumeau. Il vaut mieux ne pas trop en révéler sur les aventures que vont vivre les trois garçons ensemble, car une partie du charme du film est qu'il engage à se laisser surprendre en même temps que les héros par ce qui va se produire en chemin. C'est un voyage dans lequel les drames et les moments amers ne manquent pas mais qui est parcouru tout du long par une énergie frémissante qui donne lieu à plusieurs moments émotionnellement très forts où comédie et tragédie se donnent la main avec un naturel étonnant, comme dans la vie réelle de n’importe quel être humain.
The Son and the Sea a été produit par In the Company of en collaboration avec l'enseigne américaine Studio Cloy. Les ventes internationales du film sont assurées par MMM Film Sales.
(Traduit de l'espagnol)
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