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SAN SEBASTIAN 2025 Compétition

Critique : Coutures

par 

- Dans son nouveau film, où Angelina Jolie incarne une réalisatrice qui fait face à une série d'épreuves personnelles et professionnelles, Alice Winocour trouve de l'humanité dans la haute couture

Critique : Coutures
Angelina Jolie et Louis Garrel dans Coutures

La Fashion Week à Paris : c'est là que se réalisent les rêves, que des gens se retrouvent brisés et que d'autres lancent leur carrière. C'est du moins ce que nous dit le monde de la haute couture, mais dans son nouveau film, justement appelé Coutures [+lire aussi :
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, la scénariste-réalisatrice Alice Winocour va littéralement et métaphoriquement chercher derrière le rideau pour nous décrire les aspirations de trois femmes qui se trouvent à cet endroit-là à ce moment-là, et on s'y rapporte bien plus qu’on ne pourrait s’y attendre. Le film a fait sa première mondiale dans la section Special Presentations de Toronto avant de s'envoler pour San Sebastian et de concourir pour le Coquillage d’or du festival. Après Revoir Paris [+lire aussi :
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(2022), Winocour fait de nouveau de la capitale française son deuxième sujet, cette fois à travers les vies et les regards de ces trois femmes aux parcours totalement différents, mais qui convergent par leur passion et leur désir de faire du bien à ceux qui les entourent.

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Dès le titre, la réalisatrice française file à fond la métaphore de la couture, mais ça fonctionne : elle arrive à tisser un patchwork touchant à l’intérieur même de l’environnement frénétique qu'est la Fashion Week de Paris. L'événement n'est toutefois qu'une vitrine permettant de découvrir une galerie de personnages cosmopolites. L'Américaine Maxine Walker (Angelina Jolie, pour la première fois dans un rôle en français), réalisatrice de films, doit créer un court-métrage pour la Fashion Week autour de la jeune Ada (Anyier Anei), 18 ans, une étudiante en pharmacie sud-soudanaise récemment devenue mannequin dont s'occupe Angèle (Ella Rumpf), la maquilleuse, surmenée mais très gentille. Angèle, qui doit masquer les coupures et les bleus des mannequins épuisées par les défilés, voudrait partager les innombrables histoires personnelles que les filles qui s'asseoient sur son fauteuil lui confient en les consignant dans un livre. Le film, par nature, décentre tous les hommes, à l'exception d'Anton (Louis Garrel), le chef opérateur et collaborateur de confiance de Walker, dans lequel elle va trouver autre chose encore, pendant ces semaines éprouvantes.

Dans un jeu entre la fiction et le réel, Anei est elle-même une étudiante en pharmacie sud-soudanaise vivant à Nairobi qui s'est retrouvée catapultée dans un monde nouveau après avoir été repérée par Winocour. Un détail rafraîchissant : Ada découvre que si le secteur de la mode est forcément compétitif, c'est aussi un milieu où les gens se serrent les coudes : elle va y nouer une amitié improbable avec une mannequin ukrainienne, qui sait aussi ce que c'est que fuir une guerre. Quant à Walker, alors que sa vie professionnelle est en plein chaos et qu'elle a un divorce en cours, on lui apprend qu'elle a un cancer du sein (ce qui fait fortement écho à l’histoire familiale de Jolie par rapport à cette maladie et à la double mastectomie prophylactique qu'elle a subie), or le traitement l'arracherait à son cher travail artistique.

Si certaines des conversations quotidiennes du film laissent le spectateur sur sa faim, Coutures brille par ses moments les plus poétiques, ceux où il sert de véhicule au récit personnel et à l'onirique. La réaction de Walker quand elle entend le diagnostic souligne à quel point nous valorisons la productivité au travail devant la famille, les amis, et même notre propre santé, qu'on relègue facilement au second plan. Bien que Winocour n'insiste pas sur la formulation d'un message biopolitique précis, elle travaille infatigablement à montrer combien les corps féminins sont exploités et manipulés (de différentes manières), mais aussi que, de l'autre côté du spectre, d'autres femmes peuvent les aider à se relever.

Contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, la réalisatrice ne s'intéresse pas ici à l'extrême brutalité de la Fashion Week à Paris : Coutures se mue peu à peu en une exploration de la connexion entre les personnes dans ses moments les plus humains, c'est-à-dire dans leurs moments de vulnérabilité, émotionnelle et physique. Certes, ce fil rouge thématique pourrait être exploré plus à fond au niveau de l'image, mais sinon, Winocour permet à ses personnages de flotter à leur guise, tandis qu'on navigue doucement vers la conclusion presque fantastique du film.

Coutures est une coproduction entre la France et les États-Unis qui a réuni les efforts de CG Cinema, Closer Media et France 3 Cinéma. Les ventes internationales du film sont gérées par Hanway Films.

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(Traduit de l'anglais)

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