24/09/2025 - Dans son premier long, à travers l'histoire d'une fille de quinze ans en vacances dans un camp spécial santé, Emilie Thalund parle d'acceptation de soi, d'amitié, de désir et du fait de grandir

Weightless [+lire aussi :
interview : Emilie Thalund
fiche film], projeté dans la section New Directors du Festival de San Sebastian, est le premier long-métrage de la Danoise Emilie Thalund. Dans le film, Lea (Marie Helweg Augustsen), 15 ans, veut perdre du poids et pour ce faire, part passer l'été dans un camp de santé, entourée par la nature et d’autres jeunes gens à peu près du même âge, notamment sa camarade de chambrée Sasha (Ella Paaske). La présence de cette fille, qui est très vivante, sociable et insouciante, et qui se conduit déjà comme une adulte, influe sur Lea qui, à bien des égards, va se mettre à grandir très rapidement. En l’espèce, son impatience de devenir adulte se reflète dans son comportement par rapport à un instructeur, Rune (Joachim Fjelstrup), par qui elle est attirée.

Le film est profondément tendre et utilise la chaleur humaine et une certaine douceur pour façonner l’univers de ses personnages. Les trois figures principales sont souvent exécrables entre elles, mais elles parviennent toujours à se réconcilier. Et ça fonctionne, parce que les personnages sont bien écrits et dotés d'une véritable épaisseur, de sorte qu'on comprend toujours pourquoi ils se conduisent comme ils le font, même quand ils ont clairement tort. De fait, le scénario de Marianne Lentz est probablement la plus grande force de Weightless. L'histoire paraît vraiment complète, mais quand certaines choses restent tues. Lea et les gens qui l’entourent sont crédibles, même quand ils ont des attitudes pour le moins paradoxales.

La photographie de Louise McLaughlin reflète la subtilité du scénario et colle parfaitement avec les choix de plans, ce qui témoigne de l'assurance de la metteuse en scène. Les cadrages, soigneusement conçue, soulignent les moments les plus déroutants psychologiquement, rehaussant l’authenticité qui se dégage du récit. Ce qui n'est pas à dire que le film de Thalund est totalement exempt de certains éléments trop conventionnels et de temps en temps, on a l’impression qu’il va prendre une direction qui aurait pu l’aider à atteindre un plus haut niveau encore de qualité d’ensemble et d’originalité, mais il reste sur la même voie. Certaines séquences sont prévisibles et ne mettent pas le public au défi autant qu'elles auraient pu le faire. Le film semble surtout soucieux d’être une œuvre bien écrite et relativement "inoffensive" que de proposer quelque chose de trop audacieux ou provocant. Quelques idées un peu plus intrépides, çà et là, auraient probablement sorti le film de la stagnation dans laquelle il risque parfois de s’enliser.

Il n'en reste pas moins qu'on se rapporte très aisément aux sujets abordés par Weightless, notamment le sentiment d’être mal dans sa peau. Même si certaines des personnes qui l’entourent (qu'il s'agisse de camarades ou d'adultes) disent que Lea est acceptée, du moins dans l’espace protégé du camp de vacances, elle a encore du mal à s’accepter elle-même, ce qui est très courant à cet âge. Il est aussi probable que le monde extérieur, hors de cette zone de confort, est moins tendre avec Lea, mais heureusement, le film ne s’attarde pas sur ce côté de la vie de son héroïne. C’est un choix intelligent qui montre qui Lea est devenue plutôt que le chemin qui l'a menée jusqu'au moment où le spectateur la rencontre. On a du mal à ne pas se sentir proche d'elle : tout le monde peut se reconnaître dans son sentiment d'être inadaptée ainsi que dans le désir de vivre qui palpite en elle, chose qu'on peut ressentir non seulement pendant l’adolescence, mais tout au long de son existence.

Weightless a été produit par la société danoise Snowglobe. Les ventes internationales du film sont assurées par REinvent.

(Traduit de l'anglais)