02/10/2025 - James Marquand propose un film historique chaotique, mais fidèle à la réalité, sur la vie de la célèbre espionne polonaise Krystyna Skarbek

"Christine n’a pas vécu ou aimé comme la plupart des gens", écrit Clare Mulley, auteure de The Spy Who Loved: The Secrets and Lives of Christine Granville. Selon elle, "elle a vécu librement (…) toujours prête à sacrifier sa vie pour une noble cause." Christine Granville, de son vrai nom, Krystyna Skarbek, était une agente des services secrets polonais rattachée au Special Operations Executive (SOE), le Service des opérations spéciales britannique, et œuvrait comme "espionne" britannique durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est également l’héroïne éponyme du dernier long-métrage de James Marquand, The Partisan, un récit sincère, mais légèrement confus de la vie dangereuse et complexe menée par Skarbek. Cette coproduction britanno polonaise est sortie sur les écrans le 3 octobre au Royaume-Uni, distribuée par Miracle Communications.

Il ne fait aucun doute que le réalisateur de The Partisan prend les mots de Mulley à cœur. En décrivant les moments décisifs de la carrière professionnelle de Skarbek, Marquand raconte l’histoire d’une femme hantée par ses démons et ses doutes. Pourtant, comme nous l’apprenons dès la première scène de son interrogatoire, rien ni personne n’a jamais fait plier Skarbek. Paradoxalement, c’est sa propre psyché qui s’est révélée être son plus grand ennemi.

Par moments, Marquand peine à maintenir l’équilibre entre la sphère personnelle et professionnelle. Les personnages appartenant au passé de Krystyna ressurgissent à l’écran aussi vite qu’ils disparaissent. Quant aux opérations auxquelles Skarkek participe, elles semblent assez floues pour le spectateur moyen, peu familier de cette période de l’histoire. Ce manque de clarté complique l’immersion et l’adhésion de ce dernier dans les différents axes narratifs du film.

Morgane Polanski, surtout connue comme mannequin et fille de Roman Polanski et d’Emmanuelle Seigner, interprète Skarbek. L’actrice de 32 ans incarne l’énergie de l’espionne et navigue habilement entre les deux facettes de sa nature complexe. La plupart du temps, elle adopte l’attitude attendue d’une espionne, affichant une indifférence et une apathie évidente. Mais, dans les moments de crise, Polanski parvient parfaitement à montrer l’humanité de Skarbek. Toutefois et selon toute vraisemblance, seule lui manque une direction plus maîtrisée de la part de Marquand. Dans certaines scènes, les réactions excessives de Polanski semblent caricaturales, même si l’effet recherché est d’évoquer des émotions contradictoires.

Si The Partisan n’est pas à proprement parler un film choral, étant donné son usage excessif des gros plans sur Polanski — dont les traits nous rappellent souvent ceux de sa mère — le film multiplie les apparitions marquantes. Malcolm McDowell interprète le supérieur de Skarbek, et plusieurs comédiens polonais figurent dans le film. Piotr Trojan dans le rôle de l’amant de Krystyna, Agata Kulesza dans celui de sa mère fidèle, pendant que Piotr Adamczyk campe un général nazi impitoyable, principal antagoniste et personnage le plus mémorable du film.

Malgré ses défauts allant d’une exposition parfois obscure à un manque de cohérence narrative, Marquand propose une lecture relativement convaincante, nous invitant à redécouvrir un chapitre passé sous silence par nos professeurs d’histoire. The Partisan construit son histoire autour d’une figure majeure aujourd’hui largement oubliée. Et Marquand parvient à embarquer le spectateur et à susciter son intérêt pour Skarbek, même si celui-ci se surprend, à la fin du film, à rechercher son nom sur Google et à consulter son profil Wikipédia. Cet élan de curiosité pourrait bien être la plus grande réussite du film. Il nous pousse à nous interroger sur ce que Skarbek a encore pu vivre pendant ses années dans les services secrets.

Le film est une production de Sisyphus Sp (Pologne) et Media Finance Capital (Royaume-Uni).

(Traduit de l'anglais)