Critique : The Choral
par Veronica Orciari
- Ralph Fiennes joue un chef de chœur dans le film de Nicholas Hytner, qui mêle musique et récit choral situé en Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale

Après avoir été présenté au Festival de Toronto, The Choral [+lire aussi :
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Le film, dont l'action se déroule dans une ville fictive du nord de l’Angleterre appelée Ramsden, suit Docteur Guthrie (Ralph Fiennes), le chef de chœur tourmenté de la formation locale, appelé à la rescousse pour monter une représentation dont il décide qu'elle sera dédiée à l'oratorio The Dream of Gerontius, du compositeur britannique Edward Elgar. En toile de fond, la Première Guerre mondiale fait rage, et la tranquillité de la petite ville est ébranlée par ses conséquences. Guthrie en particulier suscite de la méfiance au sein de la communauté pour sa relation privilégiée avec l’Allemagne, pays qu’il considère supérieur dans son approche de l’art et où il avoue avoir laissé son cœur, y ayant vécu longtemps. L'autre problème tient à sa sexualité, car il est homosexuel et la communauté religieuse qui gravite autour de la chorale est réticente à son égard, du moins au début.
The Choral réunit une galerie de personnages si vaste que le spectateur peut par moments se sentir un peu perdu voire submergé. En effet, autour de l'astre que représente Docteur Guthrie, de nombreuses autres vies gravitent, qu'il s'agisse d'adolescents du coin qui se retrouvent soudain envoyés à la guerre au moment même où ils commencent à découvrir l’amour (pour certains sous la forme d'un triangle amoureux) ou de figures plus âgées, profondément affectées par le conflit (comme c'est le cas du bienfaiteur de la chorale, qui a perdu son fils et dont l’épouse n’est plus que l’ombre d’elle-même, mais qui continue de chanter malgré son absence de talent). À cet égard, le film se rapproche parfois de la comédie musicale (sans en être une à proprement parler), non seulement en raison de l’omniprésence de la musique, mais aussi du fait du chevauchement récurrent des parcours de nombreux personnages et de leurs trajectoires individuelles, qui évoquent des comédies musicales comme Les Misérables [+lire aussi :
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Il est vrai que comme le suggère le titre, il est question ici d'expérience partagée, et il est rafraîchissant de voir un film où pour une fois, le poids du récit ne repose pas entièrement sur l’acteur le plus célèbre de la troupe – ce qui n'empêche pas Fiennes de se donner corps et âme à son rôle, comme à son habitude, calibrant finement chaque émotion et guidant le reste des comédiens avec le charisme et le talent qu'on lui connaît, confirmant une fois de plus sa qualité d'acteur le plus inspiré de sa génération, capable de s’adapter à n’importe quel rôle avec une aisance déconcertante.
The Choral conviendra autant au grand public qu'aux spectateurs plus exigeants. Le film devrait bien fonctionner dans les salles, mais le sentiment qui prédomine est que c'est un candidat idéal pour une distribution permettant aux gens de le voir à domicile, car c'est vraiment un titre qui s'adresse à tout le monde. Il s’inscrit clairement dans la veine de ce que pratique régulièrement le cinéma britannique, en particulier quand il traite de périodes historiques précises (fictionnelles ou pas) qui parlent à un vaste public. L'approche choisie ici est très différente de celle de 1917 [+lire aussi :
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fiche film] de Sam Mendes, pour citer un autre film d'outre-Manche revenant sur l'époque de la Grande Guerre. En effet, le film de Hytner est bien moins innovant en termes de production, mais il transmet des émotions vraiment sincères et trouve le juste équilibre entre humour et passages poignants. Sur le plan technique, il est d'excellence facture à tous niveaux, et même si on n'a pas affaire à un film très mémorable, son authenticité et sa générosité méritent d’être saluées.
The Choral a réuni les efforts du Royaume-Uni et des États-Unis, à travers les sociétés DJ Films, Free Range Films,Gerontius Productions, Head Gear Films, Metrol Technology et Sony Pictures Classics. Les ventes à l'étranger du film ont été confiées à Sony Pictures Classics.
(Traduit de l'anglais)
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