Critique : Arco
par Fabien Lemercier
- Dévoilé à Cannes et vainqueur à Annecy, le premier long d’Ugo Bienvenu est un joyau d’animation mêlant harmonieusement E.T. et Miyazaki avec un zest de Scoubi-Doo

"Un petit garçon qui tombe du ciel, ce n’est pas important ? C’est un magicien ou un ange ?" À l’image de son personnage principal débarquant d’un futur très lointain et franchisant l’espace-temps en diffractant la lumière dans la fulgurance d’un merveilleux arc-en-ciel, l’irruption de l’auteur de bande-dessinées Ugo Bienvenu dans l’univers du long métrage d’animation avec Arco, attraction d’une séance spéciale de la Sélection Officielle à Cannes, Cristal au Festival d’Annecy et lancé dans les salles françaises par Diaphana le 22 octobre, est une divine révélation.
D’une très grande beauté visuelle riche en multiples détails discrets, le film réussit en effet à créer sa propre longueur d’onde dans une intelligente et remarquable simplicité dynamique puisant aux meilleures sources des maîtres de l’animation (Hayao Miyazaki en tête), des grands mythes nourrissant l’inconscient collectif maintenant le lien entre l’enfance et le monde des adulte, et des préoccupations cruciales actuelles liées aux menaces climatiques pesant sur la planète Terre.
"On est en quelle année ? – 2075". Écrit par le réalisateur et Félix de Givry (le duo étant aussi aux manettes de la production), le scénario se déploie sur la matrice particulièrement originale d’un double avenir. Désobéissant à ces parents car il n’a pas encore l’âge requis (12 ans) pour voyager à travers le temps, Arco vole le matériel nécessaire (une cape arc-en-ciel ornée d’un diamant) et se retrouve propulsé dans le passé, au cœur d’une forêt voisine de la petite ville d’Iris. Cette dernière, une fille de son âge, rêve que "les choses changent" dans son quotidien d’hologrammes, de maisons sous cloche pour se protéger des dérèglements climatiques aigus (tempêtes, incendies), et de robots se substituant (comme nounous, enseignants, policiers, etc.) aux adultes absents pour cause de trop-plein de travail. Nos deux jeunes protagonistes apprennent à se connaître et Iris va tenter d’aider Arco à repartir. Mais trois mystérieux personnages sont également sur les traces du garçon arc-en-ciel dont la présence en ville suscite aussi quelques interférences…
Magnifique et puissant récit initiatique (sous l’allure très subtile de la légèreté), Arco atteint l’équilibre parfait entre enchaînement hyper rythmé des péripéties (secrets, expériences, course-poursuite, etc.), humour et romantisme bon enfant, messages d’avenir ("tout est sous l’eau. On vit dans les nuages, sur des plateformes accrochées à de grands piliers, comme dans des arbres géants, dans des maisons rondes - comme des carapaces de tortue - avec de grands jardins"), parfums d’enchantement (comprendre le langage des oiseaux), réflexions furtives sur l’Histoire de l’humanité et sur les enjeux contemporains de l’accélération de l’emprise technologique et des convulsions climatiques. Le tout dans l’écrin d’une féérique animation 2D, pop et ensorcelante, signant l’émergence d’un cinéaste né sous de très bonnes étoiles.
Arco a été produit par Remembers et par MountainA France (Sophie Mas et l’actrice américaine Natalie Portman) et coproduit par France 3 Cinéma. Goodfellas pilote les ventes internationales.
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