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ROME 2025

Critique : Kenny Dalglish

par 

- Asif Kapadia propose un nouveau portrait, cette fois dédié à une icône du sport, et le relie à une saison qui fut dramatique pour le football international, en particulier anglais

Critique : Kenny Dalglish

“Ce film contient des images susceptibles de provoquer de l’angoisse chez certains spectateurs”, avertit un carton au début de Kenny Dalglish, le nouveau documentaire d'Asif Kapadia, projeté en première mondiale à la 20e Fête du cinéma de Rome parmi les séances spéciales. Quant à ce qu'il peut bien y avoir d’angoissant dans l'extraordinaire parcours d’un footballeur devenu une icône (qui ne compte pas nécessairement parmi les plus connus à l’échelle mondiale, mais a été la grande figure d'une saison magnifique pour le Liverpool FC, à cheval entre les années 1970 et 1980), on ne le comprend qu’à mi-film, quand les stades où Kenny Dalglish joue avec son équipe commencent à devenir des lieux de mort.

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Drame du Heysel (1985), 39 morts. Catastrophe d'Hillsborough (1989), 97 morts. À chaque fois, Liverpool était sur le terrain. Dans le premier cas, le club affrontait la Juventus de Turin (32 des victimes étaient des supporters italiens), et la tragédie est sans nul doute à imputer à la fureur des hooligans. Dans le second, face à Nottingham, les supporters de Liverpool ont été injustement pointés du doigt comme responsables de la tragédie, or à ce moment-là, Dalglish était devenu l’entraîneur de l’équipe. De fait, ce qui s'est inscrit dans l’histoire comme la plus grande tragédie du sport anglais a profondément marqué son destin. L'événement a aussi changé pour toujours les pratiques : depuis ce drame, pour éviter de  surcharger les stades, ils n’offrent plus de places debout.

“Kenny Dalglish a plus fait pour les gens de Liverpool que n'importe qui d'autre. Et pourtant, il est écossais”. Ces mots, prononcés par Paul McCartney en personne, résument bien ce que représente cet homme auquel on a comme à lui accordé le statut de "Sir", un footballeur issu de la classe ouvrière, formé au Celtic Glasgow, qui a rejoint Liverpool au moment même où le club perdait son idole, Kevin Keegan, dont il est devenu l’héritier naturel. Le matériel d’archives utilisé dans le film est abondant et inédit ; la voix off est celle de Dalglish lui-même ; les images des enthousiasmantes actions menées sur le terrain (“On aurait cru voir jouer le Brésil”, dit quelqu’un dans le film) se mêlent à celles de la vie privée du sportif mais aussi à celles des supporters, des gens ordinaires qui, sous Thatcher, subissaient la montée galopante du chômage et trouvaient dans le football un exutoire voire une forme de revanche.

Le réalisateur britannique d’origine indienne, déjà auteur d’autres portraits de sportifs (Ayrton Senna dans Senna [+lire aussi :
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Diego Maradona dans Diego Maradona [+lire aussi :
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Roger Federer dans Les Douze Derniers Jours de Federer [+lire aussi :
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, mais il convient aussi de mentionner le film oscarisé Amy [+lire aussi :
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, dédié à Amy Winehouse), prend le temps de célébrer le talent de Dalglish dans les différentes phases de sa carrière avant de se concentrer sur l’homme et sur sa valeur en tant que personne. Ainsi, ce qui fait initialement l'effet d'un simple hommage à une idole de jeunesse (Kapadia avait dans sa chambre une affiche de Kenny Dalglish) s'adressant avant tout au public britannique évolue vers un portrait plus universel du versant sain du football, et du lien indéfectible du sportif avec la communauté qui le soutient (et à laquelle il rend la pareille en ne lui tournant jamais le dos). L'habile montage du film qui, comme tous les travaux de Kapadia, plonge le spectateur dans un flux continu d’images d’archives et d’entretiens audio, est le fruit du travail de l’Italien Matteo Bini.

Kenny Dalglish a été produit par les sociétés britanniques Tap23Lafcadia Productions et Redrum Films. Les ventes internationales du film sont assurées par Altitude Film Sales.

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(Traduit de l'italien)

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