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THESSALONIQUE 2025

Critique : Erupcja

par 

- Dans le nouveau film indépendant, et très espiègle, de Pete Ohs, la pop star Charli XCX et Lena Góra ont le même syndrome du personnage principal

Critique : Erupcja
Charli XCX dans Erupcja

Le cinéaste indépendant américain Pete Ohs est dans un bel élan, avec non pas un, mais deux nouveaux longs-métrages cette année. Après avoir dévoilé, en mars, à SXSW, The True Beauty of Being Bitten by a Tick, un microdrame troublant porté par la star d’Alien: Covenant [+lire aussi :
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, Callie Hernandez, il a présenté à Toronto un autre film qui se trouve à présent au programme de la section Open Horizons du Festival de Thessalonique, et c'est un vrai petit régal. Erupcja, tourné à Varsovie, principalement en polonais, et interprété par la grande étoile montante du moment dans le pays, Lena Góra (Roving Woman [+lire aussi :
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), ainsi que par la pop star Charli XCX, unies par un lien improbable et électrique. L’éruption évoquée par le titre (qui a par ailleurs de multiples sens figurés) est d'abord à entendre au sens littéral : quand le réveil de l’Etna oblige Bethany (Charli XCX) et son docile petit ami Rob (Will Madden) à prolonger leur séjour à Varsovie, pour elle, c’est l’occasion de retrouver un ancien amour, Nel (Góra), tandis que lui prévoit d'en profiter pour la demander en mariage.

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Erupcja est un film-nouvelle qui affiche clairement ses sentiments. Ce long-métrage, réalisé en secret pendant la tournée de Charli (donc au plus fort du "Brat Summer", une des tendances phares de 2024), porte la marque de l’approche improvisée et fluide d’Ohs et réunit tous les signes distinctifs d’un film indé : des répliques a priori lancées à la volée, un design sonore brut, parfois avec un peu d'écho, de l'inventivité à revendre pour tourner incognito dans un environnement urbain animé. Pour tout cela, Erupcja est très manifestement un projet qui a été confectionné avec amour. L'esprit délié du film est néanmoins entravé par plusieurs éléments, notamment une certaine raideur dans sa structure qui doit notamment à la présence d’un narrateur omniscient (de sexe masculin) dont les observations tombent si souvent dans le prosaïsme qu’elles font paraître son intervention nulle et non avenue.

Malgré sa courte durée (71 minutes), Erupcja tend à tournoyer autour du pot (le sujet du mariage et la question de "se poser" dans la vie), empruntant tous les détours possibles et imaginables pour nous donner un aperçu de ce qui rend Bethany et Nel si spéciales et en suggérant constamment une sous-intrigue d’amoureuses maudites, mais sans que le moindre contact entre elles apparaissent à l’écran. Quelques regards lourds de regrets et quelques phrases interrompues à mi-parcours suffisent pour que Bethany se fasse la malle, laissant le pauvre Rob, vexé, errer seul dans les rues de Varsovie. En accord avec l'esprit Brat, le film a toutefois peu d'empathie pour lui en tant que personnage et préfère investir dans les figures féminines, qui comprennent aussi la star d’Ida [+lire aussi :
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Agata Trzebuchowska, qui incarne l’indulgente ex-petite amie de Nel.

Les comédiens (Charli, Góra, Madden et Jeremy O. Harris, qui joue un Américain bohème installé à Varsovie) figurent tous au générique comme contributeurs au scénario du film aux côtés d’Ohs, ce qui faisant d’Erupcja une sorte de danse collaborative qui canalise la liberté d’une amourette urbaine destinée à vite se consumer. Quoi qu'on pense de la retenue dont ce titre fait preuve par rapport aux sous-entendus saphiques, le grand atout du film est sans nul doute sa distribution semi-chorale, qui permet aux personnages de converger et de mieux cerner les contours des uns et des autres – même si Góra est à des années-lumière devant ses collègues avec son interprétation tout en retenue mais cependant tout à fait saisissante.

Ohs, qui s'est aussi chargé de la photographie et du montage du film, accomplit un travail impressionnant, sculptant un chronotope romantique à partir d'images probablement filmées dans la hâte et de manière chronologique. À son sens du placement des coupes (pour un bel effet comique), qu’elles interviennent entre deux scènes ou soient suivies d'images aux couleurs pastel, on reconnaît aisément le talent du cinéaste s'agissant de modeler le banal pour créer à partir de cette matière des moments de magie scintillante.

Erupcja est une coproduction américano-polonaise qui a réuni les efforts de Forever Holiday, bb² et Spartan Media Acquisitions. Les ventes internationales du film sont assurées par Magnify.

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(Traduit de l'anglais)

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