email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BLACK NIGHTS 2025 Critics’ Picks

Critique : Mo Papa

par 

- Dans le deuxième long-métrage d'Eeva Mägi, un jeune homme qui réintègre la société lutte contre ses vieilles souffrances et ses tendances autodestructrices dans de sublimes paysages enneigés

Critique : Mo Papa
Jarmo Reha dans Mo Papa

Mo Papa, en lice dans la section Critics’ Picks du 29e Festival Black Nights de Tallinn, est le deuxième film de l'Estonienne Eeva Mägi après Mo Mamma [+lire aussi :
critique
interview : Eeva Mägi
fiche film
]
, un film à succès lui aussi dévoilé au PÖFF, où il a remporté le Prix spécial du jury. Les deux films font en fait partie d'une trilogie dont la troisième partie s'appellera Mo Amor.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
RuidoFilm_esther fernandez2

Eugen (Jarmo Reha), 28 ans, vient d’être libéré de prison après avoir purgé une peine de dix ans pour la mort tragique de son frère cadet, et tente de se remettre de cette phase traumatisante de sa vie. Le jeune homme est encore plus sous le choc quand il constate à quel point le monde a changé pendant son séjour derrière les barreaux, et les seules personnes avec il a encore des liens sont son père (Rednar Annus), qu'il ne voit cependant plus, et deux amis d’enfance, Stina (Ester Kuntu) et Riko (Paul Abiline).

Malgré la volonté sincère d’Eugen de se donner une seconde chance et de reconstruire sa vie, ses vieilles habitudes alliées aux sentiments négatifs qui l’ont inévitablement affecté depuis dix ans risquent de le ramener dans une spirale d’autodestruction qui ne lui est que trop familière. Avec le temps, il devient évident qu'on ne peut arriver à changer sans connexion humaine, mais aussi que pour que cela fonctionne, à ces points d'attache doit d'ajouter un vrai travail sur soi.

Mo Papa est un film extraordinairement fort et une expérience cinématographique mémorable qui s’appuie sur des interprétations marquantes couplées à une photographie délicate mais puissante (signée Sten-Johan Lill). La courte durée de ce long-métrage favorise une concision qui permet de happer le spectateur sans courir ensuite le risque de perdre son attention en diluant l’histoire – une stratégie qu'hélas, trop de films ont négligée ces dernières années. Parfois, en dire moins peut être la bonne approche pour s'assurer que les quelques mots, ou images, qu'on émet soient plus lourds de sens et donnent lieu chez le spectateur à une réflexion plus profonde, au lieu de lui faire absorber passivement un flux constant d’informations.

Les décors enneigés et bleutés du film lui confèrent le juste degré de désolation et de morosité tout en nous réconfortant, paradoxalement, presque comme une caresse. La ligne mince qui sépare froideur et chaleur est parfaitement parcourue par les différents types de plans proposés, magistralement assemblés au montage par Jette-Krõõt Keedus. Ces images promettent de hanter longtemps le spectateur, et il en va de même pour le jeu de Reha, qui mérite d’être mentionné, car il se démarque nettement.

Dernier point, mais non des moindres : ce film de Mägi a été miraculeusement tourné avec un budget minuscule (de l’ordre de quelques dizaines de milliers d’euros) et sans scénario. Ceci suggère que, dans certains cas, quand les cinéastes s’alarment des limites de budget, le problème ne tient pas qu'au financement. Ce qui n'est pas à dire que le financement n'est pas un élément important dans la fabrication d'un film, mais certains travaux, comme celui-ci, montrent bien qu'on peut y arriver sans, et l'inverse est possible aussi : certains films réalisés avec de gros budgets sont en fait assez pauvres.

Mo Papa a été produit par les sociétés estoniennes Kinosaurus Film et Kultuurikuur. Les droits internationaux du film sont encore disponibles.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy