Critique : The Dashed Lines
par Veronica Orciari
- Dans le deuxième long-métrage d'Anxos Fazáns, une femme en plein divorce et un homme trans développent, à partir de leur passion commune pour la musique, un lien aussi charmant qu'inattendu

The Dashed Lines d'Anxos Fazáns, co-écrit avec Ian de la Rosa et présenté en avant-première mondiale dans le cadre de la compétition officielle du Festival Black Nights de Tallinn, ne manquera pas de piquer l’intérêt du public, ne serait-ce pour ses fils narratifs principaux, qui mêlent les sujets du divorce, de l'identité de genre, de l'amour de la musique et de la quête de sens et de liens humains.
Bea (Mara Sánchez) est une femme de 50 ans en plein divorce. Une nuit, sa maison est prise pour cible par un groupe de jeunes qui s’y introduisent par effraction. Parmi eux, un peu par hasard, se trouve Denís (Adam Prieto), un homme trans de 28 ans confronté à la précarité de l'emploi. Pendant la fête improvisée par les intrus dans la maison, il s’endort, de sorte que Bea le découvre à son retour. Tous deux finissent par se rendre compte qu’ils partagent une passion immodérée pour la musique et Denís, qui voudrait en faire sa carrière, se retrouve à passer plus de temps que prévu avec Bea, puisqu'elle travaille justement dans la musique.
Dans The Dashed Lines, Fazáns n’a pas besoin de pousser très loin la partie technique, non qu'elle ne maîtrise pas ces aspects, mais tout simplement parce qu'ils ne sont pas le moteur d’un film de ce type. De même, il ne s'agit pas d'aller progressivement vers un grand moment de révélation dans un récit qui repose sur la délicatesse, l’intimité et la proximité des corps et des âmes. En tournant les scènes clefs du film, la cinéaste savait manifestement qu’obtenir des interprètes qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes allait forcément aboutir à un résultat crédible. Ce qui est intéressant, c'est que Prieto, qui débute, a face à lui en Sánchez un visage bien connu de la télévision galicienne, et pourtant le duo fonctionne très bien à l’écran, ce qui est à l'évidence le fait d'une direction d’acteurs inspirée.
Si les deux acteurs principaux sont incontestablement une des raisons principales de la réussite du film, le ton est établi par les mouvements de caméra, finement calibrés. Les plans s’attardent souvent sur les expressions des deux héros pour qu'on comprenne pleinement leurs émotions, notamment quand il y a des non-dits. Les musiques composées pour le film par Xavier Bertolo contribuent également à créer, pour le public, le sentiment d’être dans un espace clos où il ne fait plus qu’un avec le duo "atypique" qui vient de se former. On note par ailleurs que le film revendique fièrement ses origines : toutes les chansons qu'on entend dans ce long-métrage tourné en galicien ont été signées par des compositeurs et artistes du cru.
Ce deuxième long-métrage que livre Fazáns est un bel exemple d’œuvre chaleureuse, avec une armature solide et originale, qui ne renonce jamais à sa fraîcheur ni à sa sincérité. C’est un film qui se regarde bien, dans le meilleur sens du terme, un travail authentique et soigneusement composé, de manière à trouver le juste équilibre entre tristesse et regain d’appétit pour la vie. Il est relativement court et, à vrai dire, il aurait pu prendre davantage de temps pour donner aux personnages un peu plus d’épaisseur, surtout vers la fin. Néanmoins, il vaut toujours mieux en faire moins que trop, alors que l’inverse est rarement vrai.
The Dashed Lines a été produit par les sociétés espagnoles Sétima et Sideral - Elamedia Estudios.
(Traduit de l'anglais)
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