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BLACK NIGHTS 2025 Compétition

Critique : The Stories

par 

- Abu Bakr Shawky revient sur l'histoire de l'Égypte pendant la seconde moitié du 20e siècle selon une perspective, celle d'un couple et d'une grande famille, qui permet au public de mieux y accéder

Critique : The Stories

Quand on a l'occasion de voir la “grande histoire” (guerres, assassinats politiques, coups d’État...) se jouer quasiment sous nos yeux, on peut raisonnablement supposer que si on a la chance de s'en sortir indemne, on aura une quantité d’histoires à raconter sur ces événements. C’est la prémisse du nouveau long-métrage d’Abu Bakr Shawky (Yomeddine [+lire aussi :
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interview : A.B. Shawky, Dina Emam
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), The Stories [+lire aussi :
interview : Abu Bakr Shawky
fiche film
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, en compétition au 29e Festival Black Nights de Tallinn.

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Le film, dont l'action se déroule en Égypte entre 1967 et 1984, se divise en cinq chapitres, cinq épisodes de la vie du héros, Ahmed (Amir El-Masri) et de sa famille élargie, haute en couleur, qui se déploient parallèlement à un grand événement historique, comme les deux guerres contre Israël, en 1967 et 1973, les émeutes de rue contre les réformes libérales, en 1977, et l’assassinat du président Anouar el-Sadate, en 1981. Quand on fait sa connaissance, Ahmed est un talentueux pianiste qui vit dans un logement exigu avec sa mère Fairouz, femme au foyer, son père Ragheb, fonctionnaire, et ses deux frères : son jumeau Hassan, passionné par la langue russe et la politique soviétique, et Sharaf, mordu de football, en particulier du club de Zamalek, particulièrement malchanceux.

Ils reçoivent souvent la visite d'oncles et de voisins. Son père s'est peut-être attiré des ennuis pour avoir prononcé le mot “corruption” en direct à la télévision. Toute la famille mène une “guerre du bruit” contre le voisin du dessus. Ses frères sont pris pour cibles par des brutes qui soutiennent un autre club de foot. Hassan est mobilisé juste à temps pour participer à la guerre des Six Jours. Ahmed entretient une correspondance avec une jeune Autrichienne prénommée Elizabeth.

Six ans plus tard, Ahmed est à Vienne grâce à une bourse. Il courtise Elizabeth (Valerie Pachner, vue dans Une vie cachée [+lire aussi :
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) et tente d’éviter les problèmes que sa famille à elle, aussi chaotique que la sienne, a le chic pour générer, tout en poursuivant ses études universitaires sous l’aile d’un professeur bohème, tranquillement raciste, dans l’ombre d'un rival bosseur nommé Shams. Lorsqu’il apprend la mort de son frère dans la guerre du Kippour, il n’a d’autre choix que de rentrer en Égypte. Quatre ans plus tard, Elizabeth vient le rejoindre, ainsi que sa famille, et se fond dans leur dynamique chaotique. Elle assiste au tumulte, écoute leurs histoires et commence elle aussi à écrire la sienne…

The Stories est un oiseau rare dans le circuit des festivals : une forme de chaos organisé qui reste très accessible, opère dans un registre émotionnel exacerbé et évoque des existences chahutées, mais avec une certaine légèreté. Pour obtenir ce résultat, Shawky a recouru à un certain nombre de clichés, de figures connues et de lieux communs, comme des dialogues dits à la mitraillette, des plans panoramiques nerveux (filmés par Wolfgang Thaler) et des coupes rapides (effectuées par le monteur Roland Stöttinger), ainsi qu’un travail sur le son cacophonique accompagné de musiques jouées plus fort encore (des hymnes nationalistes et marches militaires qui hurlent dans le poste, et font pendant aux pièces modernes qu’Ahmed interprète avec virtuosité).

Le fait est que ce tableau peint à grands traits fonctionne généralement très bien, même si les spectateurs les plus exigeants pourraient critiquer l'excès d'exotisme du film, illustré par les décors assez kitsch, le jeu outrancier des acteurs et un sentimentalisme débordant. Mais toutes ces choses ne sont pas là pour rien : au cinéma, ça marche, et The Stories se veut justement un film divertissant qui se porterait sans doute mieux dans les salles que sur un circuit festivalier dominé par les films d'auteurs sombres. Dans un tel contexte, c'est un film rafraîchissant, ça change.

The Stories est une coproduction qui a réuni les efforts de l'Autriche, l'Égypte, la France, la Belgique et la Suède. Elle a été pilotée par Cinenovo en coproduction avec Film AG, Film Clinic, Fox in the Snow et Wrong Men. Les ventes internationales du film sont assurées par Goodfellas.

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(Traduit de l'anglais)

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