BLACK NIGHTS 2025 Compétition Premiers Films
Critique : Hercules Falling
par Veronica Orciari
- Le premier long-métrage de Christian Bonke est un drame réaliste cru qui mélange fiction et tournage dans un vrai centre de réhabilitation pour parler du syndrome post-traumatique d'un ancien soldat

Le premier long-métrage de Christian Bonke, Hercules Falling [+lire aussi :
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fiche film], qui a fait sa première mondiale dans le cadre de la Compétition Premiers Films du 29e Festival Black Nights de Tallinn, est un récit sur la guerre et le syndrome de stress post-traumatique qui ne peut pas ne pas secouer le spectateur. En effet, sa forte charge émotionnelle continue de résonner longtemps après le générique de fin.
Ce qui rend Hercules Falling captivant, en termes de mise en scène, c’est le choix du cinéaste de mêler réalité et fiction, en situant l’action dans un véritable centre de réhabilitation pour anciens combattants établi sur l’île danoise reculée de Strynø. La majeure partie du film a en effet été tournée dans cet établissement, dirigé par Anne-Line Ussing et son mari Stuart Press, diagnostiqué comme souffrant d’un trouble de stress post-traumatique dix ans après avoir servi dans l’armée australienne. Dans la fiction, on s'intéresse à un ancien soldat pensionnaire du centre, Youssef (magnifiquement interprété par la star Dar Salim), qui a servi en Afghanistan et en Irak. Après un incident domestique qui a failli être fatal, il rejoint le groupe pour apprendre à maîtriser sa colère et réparer son lien avec sa famille.
Grâce au scénario, très fort, coécrit par Bonke avec Marianne Lentz, le film nous fait découvrir, avec un réalisme et une véracité rares, les combats intérieurs d’un homme. Le versant vulnérable des hommes qui ont vécu la guerre et la violence, généralement dépeints comme des hommes "forts" selon les codes de masculinité traditionnelle, est peu montré au cinéma. Certes, les portraits d'anciens combattants (souvent d'origine américaine) ne manquent pas, mais même quand ils évoquent le syndrome de stress post-traumatique, ils tendent à adopter un ton excessivement triomphal. Hercules Falling, au contraire, propose une représentation brutale des conséquences réelles de la guerre.
Ce qui se passe, c'est que les hommes en général ont du mal à parler ouvertement de leurs sentiments ou de leur santé mentale, car la société leur apprend souvent à se taire et à ne pas dévoiler leurs véritables émotions. Dès lors, décrire honnêtement ce qu’ils traversent n’est pas juste difficile : on peut avoir l'impression que c'est interdit, que la souffrance doit être enfouie et non abordée au grand jour. Le titre du film exprime parfaitement cette idée qui invoque la figure mythologique d’un héros à qui tout échec est refusé et qui, pourtant, donne toute l'impression d'avoir du mal à assumer. Ce thème a récemment été abordé par les réseaux sociaux de manière plus saine, mais il reste en partie négligé par le cinéma et, plus largement, les médias traditionnels.
Le montage de Denniz Göl Bertelsen cadence le récit de manière à permettre au public de se rapporter au héros tout en préservant un rythme soutenu, qui aurait pu être bien plus lent entre d’autres mains. Le film de Bonke reste toutefois difficile à regarder. Il n'a rien d'un récit réconfortant taillé pour rallier tous les publics, mais manifestement, tel n’était pas le propos, et on ne peut que s’en féliciter.
Hercules Falling est une coproduction de la société danoise Beo Starling et de l’allemande Heimathafen Film. Les ventes internationales du film ont été confiées à Reinvent Yellow.
(Traduit de l'anglais)
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