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BLACK NIGHTS 2025 Critics’ Picks

Critique : China Sea

par 

- Avec son deuxième long, Jurgis Matulevičius se lance dans un conte transculturel ambitieux sur un champion des arts martiaux déchu, en adoptant le style typique du film noir balte

Critique : China Sea
Marius Repšys dans China Sea

Le personnage principal du deuxième long-métrage du réalisateur lituanien Jurgis Matulevičius, China Sea, est pris entre le marteau et l’enclume. Tombé en disgrâce après une bagarre de rue qui a mal tourné, après quoi de fil en aiguille, il s'est retrouvé sans domicile, le champion de boxe Osvald (Marius Repšys), une étoile montante dans son sport, doit décider de ce qu'il va faire ensuite. Matulevičius a présenté China Sea en première mondiale au Festival Black Nights de Tallinn, six ans après son premier long, Isaac [+lire aussi :
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. Le film, scénarisé par la réalisatrice de Toxic [+lire aussi :
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Saule Bliuvaitė, est apparemment toute première coproduction réunissant la Lituanie et Taïwan. Il vient de remporter le prix du meilleur film de la section Critics’ Picks (lire l'article).

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Nous entrons dans le récit après que Ju-Long (incarné par l’acteur taïwanais Jag Huang), immigré taïwanais et propriétaire d’un restaurant de quartier, ait décidé de prendre Osvald sous son aile. L’amitié qui unit les deux hommes repose sur une reconnaissance mutuelle des événements traumatisants vécus et de la souffrance qui en résulte : en effet, Ju-Long a de son côté contracté de lourdes dettes auprès de gangsters locaux, qui le contraignent à “rembourser” ce qu’il doit de différentes manières, toutes sordides. Dans un effort pour recoller les morceaux de sa vie, Osvald participe à une thérapie de groupe, où il rencontre une femme mystérieuse prénommée Skaistė (Severija Janušauskaitė), et décroche un travail d’entraîneur auprès de prometteuses jeunes boxeuses, dans une salle locale.

Le film, qui mérite amplement l’étiquette de film noir à la sauce balte, met l'accent sur la rudesse de l’hiver lituanien à travers la photographie du chef opérateur Bartosz Świniarski, qui baigne par ailleurs le film dans une palette de bleus extrêmes. China Sea (dont le titre se réfère au nom du restaurant taïwanais en lituanien) part d'une prémisse interculturelle enthousiasmante, mais pèche par ses ambitions un brin excessives. Repšys incarne un Osvald assailli par les problèmes et porté à faire des crises de colère incontrôlables avec une telle fougue qu’on a très envie de tenir pour ce personnage. En revanche, l'intrigue sentimentale avec Skaistė n'est pas assez aboutie et finit par passer au second plan tandis que d'autres parties de ce récit multiple prennent le pas, jusqu’à un final explosif, mais tout aussi sombre.

Certains choix musicaux singuliers et certaines répliques censées enrichir la texture du film frôlent l’exotisation de Ju-Long et de la toute petite communauté asiatique pour qui le restaurant constitue un véritable abri, protégé du monde sinistre qui l'entoure. La manière dont la famille taïwanaise est dépeinte et leur façon de s’exprimer en particulier tient de l'orientalisation, involontaire ou pas. Huang, le comédien asiatique le plus connu du film, fait ce qu’il peut avec le rôle qu'on lui a confié, mais les spectateurs pourraient être troublés par la manière dont lui et d’autres personnages sont traités à l’écran tout au long du récit.

China Sea a été produit par les sociétés lituaniennes Film Jam et Con Artist, MA Studios (Taïwan), Lava Films (Pologne) et Bionaut (République tchèque).

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(Traduit de l'anglais)

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