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CINEMAMED 2025

Critique : Ceux qui veillent

par 

- La cinéaste belge Karima Saïdi présente un portrait au long cours de celles et ceux qui veillent leurs morts dans un cimetière multiconfessionnel de Bruxelles

Critique : Ceux qui veillent

Après sa première mondiale en compétition à l’IDFA, Karima Saïdi a présenté son deuxième long métrage documentaire, Ceux qui veillent, dans la section Medoc de la 25e édition du Cinemamed - Festival du Cinéma Méditerranéen de Bruxelles. La cinéaste belge s’était faite remarquer en 2020 avec son premier long, Dans la maison, qui revenait sur les retrouvailles pleines de vie et de pudeur avec sa mère, atteinte d’Alzheimer, une histoire de famille et d’exil. Ces deux thématiques sont à nouveau au coeur de ce nouveau film, qui une fois encore, part de la mère de la cinéaste, dont le voeu était d’être enterrée au cimetière multiconfessionnel de Bruxelles. Ce lieu tout à la fois profondément ancré dans la Belgique d’aujourd’hui, ses habitants, sa multiculturalité, et profondément atemporel dans son rapport à la vie et à la mort s’impose comme un sujet de cinéma, avec ses personnages, sa dramaturgie, et sa temporalité propre.

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La particularité de ce cimetière est qu’il est le premier à avoir accueilli, il y a quelques années, les dépouilles de celles et ceux qui souhaitaient être enterrés dans le respect de leurs propres rites funéraires, hors du christianisme. Une terre où accueillir les défunts musulmans ou juifs, notamment, mais qui bientôt, devient aussi un lieu d’accueil pour toute une communauté orthodoxe bruxelloise. Un lieu de mixité, où l’on s’échange des dattes fourrées, des anecdotes, et surtout, un profond respect pour la souffrance et l’amour des autres.

Au fil des saisons, le film observe et rencontre le peuple du cimetière, ces proches et ces familles qui maintiennent le dialogue par-delà la mort avec leurs défunts. Le cimetière, paradoxalement, est plein de vie, une vie qui vient par vagues, en sourdine parfois, pleine de bruits quand les enterrements mais aussi les fêtes et dates anniversaires rassemblent. Chacun y trouve son compte, certains s’occupent, entretiennent les tombes, les fleurissent, les creusent même. Beaucoup s’y recueillent, seuls ou à plusieurs, dans les mots, les pleurs, la musique. C’est un lieu de soin, des âmes, des souvenirs, des morts et des vivants.

La caméra de Karima Saïdi reste toujours à la juste distance, souvent à la hauteur des familles, comme si elle partageait la visite, prenant du recul quand l’émotion se fait plus collective. Car le cimetière est aussi un lieu de rencontre, où l’on partage aussi bien le deuil et la tristesse que la joie et les beaux souvenirs, lieu du drame, où le tragique ressurgit au détour d’un regard et d’un sanglot, de la mémoire aussi, celle des jours heureux. Le cimetière est un creuset où se déposent les émotions, recueillies avec délicatesse, mais aussi humour et poésie par la cinéaste sur le temps long du deuil de celles et ceux qui n’oublient jamais.

Ceux qui veillent est produit par Dérives (Belgique), et coproduit par Sophimages (Belgique), Les Films du Fleuve (Belgique) et Les Films d’ici (France), avec le soutien du Centre Bruxellois de l’Audiovisuel, la RTBF et le Doha Film Institute.

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