La parabole irlandaise
par Anne Feuillère
Produit par Esperia Film, le scénario d’El silenzio dell’allodola a reçu l’appui de la Présidence du Conseil des Minisitres (Presidenza del Consiglio dei Ministri) et a pu être réalisé grâce au Fond Culturel National (Inrestese Culturale Nazionale). David Ballerini a déjà réalisé quelques courts métrages et des documentaires d’arts. Il a aussi écrit et travaille aujourd’hui sur Pasolini, dont son film porte à divers égards la marque. Il expliquait avant la projection de son premier long métrage, que lorsqu’il avait découvert l’histoire de Bobby Sands, il avait pris conscience que cela s’était passé de nos jours, ici même, en Europe. Il raconte aussi que les premières images des prisonniers irakiens les ont stupéfaits, lui et son équipe, tant les images ressemblaient à celles de son film. El silenzio dell’allodola (The Silence of Skylark), est l’histoire de Bobby Sands, un jeune poète irlandais, qui meurt en 1981 à l’âge de 27 ans, après une grève de la faim qui dure 66 jours pour protester contre les conditions d’emprisonnement des prisonniers politiques au Royaume-Uni.
El silenzio dell’allodola fabrique un mythe, l’incarnation de la résistance morale à toutes les formes d’oppressions. Dans un décor très dépouillé, presque théâtral, fait de couloirs, d’entrepôts et de cellules, avec ses gardiens de prisons qui évoquent aussi bien l’Allemagne nazie que l’Italie fasciste, le film est volontairement atemporel. Et presque nu, avec sa barbe et ses yeux noirs, l’acteur Ivan Franek ressemble à Enrique Irazoquim le christ de l’Evangile selon Saint Matthieu. Mais ce premier long métrage n’échappe pas à cette peur si souvent communes aux premières œuvres, celle de ne pas être comprise. Avec ses mises en oppositions des couleurs noire et blanche, son jeu sur l’ombre et la lumière, ses symboles christiques, le film frise souvent la surenchère. Et pourtant, porté par une narration en escalier, un acteur magnifique, grâce à son souffle lyrique, il arrive à rejoindre l’innocence, la beauté et la droiture de son personnage principal.
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