email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2005 Un Certain Regard

Le Filmeur : Alain Cavalier pour l’éternité

par 

A 74 ans, le cinéaste français Alain Cavalier a donné hier à sa manière expérimentale une véritable leçon de cinéma à la presse internationale avec Le Filmeur [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, projeté dans la section Un Certain Regard. A travers cet objet cinématographique non identifié constitué de fragments de dix années de la vie intime du cinéaste captés à la DV, l’art du réalisateur ne s’arrête pas à une retranscription très crue et sans concession du vieillissement, des maladies et de la mort. Des oiseaux entrent picorer des graines, un pianiste prend son tempo sur les cloches battant dehors à la volée, des écureuils s’écrasent au pied d’un arbre et défilent un nombre incalculable de chambres d’hôtels et de fenêtres à la Dali s’ouvrant sur Paris, sur la mer, ou sur chien, un âne, un ciel. Passent aussi un hommage à la mort de Sautet depuis les toilettes d’un bar, un brin de 11 septembre entrevu au ralenti à la télévision, des souvenirs d’enfance et de désagréable poudre maternelle, trois opérations de tumeurs à l’aile du nez et un contrat de location de téléphone signé par son père en septembre 1943 et spécifiant que la ligne ne servirait pas à un juif.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Sous ses allures de simple journal familial, Le Filmeur commenté en direct par son auteur inspiré par un immense humour distancié et mélancolique recèle les mille mondes d’un seul homme. Citations ("un ardent témoignage qui vient mourir d’âge en âge comme un sanglot au bord de l’éternité"), traits d’esprit, impudique déclaration d’amour en images du cinéaste à sa compagne Françoise Widhoff souvent filmée (et réveillée) la nuit dans son lit : Alain Cavalier s’avance à livre ouvert, saisissant des instants fugitifs, des bribes d’humanité en jouant sur toutes la gamme de L’homme Caméra. Plans fixes nourris de voix hors champ, confrontation du viseur et du miroir, images volées, palette complète de cadres et de mouvements, gros plans méthodiques de détails de l’ordinaire qui sortent ainsi de la banalité, corps approchés à même la peau: un voyage de cinéaste accompli qui rend presque dérisoire les efforts de certains artistes juvéniles à expérimenter les opportunités des nouvelles technologies numériques. Car Alain Cavalier, au maximum de l’épure, sonde l’essentiel, un territoire où se distendent les frontières du documentaire et de la fiction autobiographique. Un travail radical et serein à la fois, produit, distribué et vendu par Pyramide International et qui fait figure de chapitre testamentaire pour celui qui gagna un Prix du Jury à Cannes en 1978 pour Thérèse. Un homme modeste et audacieux qui déclare : "Je ne supporte plus que quelque chose que j’ai vu de touchant ou de drôle disparaisse. Avant j’écrivais, maintenant je filme".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy