16/05/2005

Après Outremer (Grand Prix de la Semaine de la Critique en 1990) et Post Coïtum animal triste (présenté à Un Certain Regard en 1997), Brigitte Roüan retrouve la Croisette pour une comédie presque musicale, Travaux on sait quand ça commence..., portée par une Carole Bouquet très en verve.

Avocate, Chantal Letellier a gagné nombre de procès grâce à un jeu de jambes très personnel. Son dernier client lui en est tellement reconnaissant qu'il fait le siège devant son bureau pour l'inviter au restaurant et, la boisson aidant, passe la nuit chez elle. Au matin, l'homme est toujours là, plus ravi que jamais, et décidé à rester. Pour le chasser, Chantal entreprend d'immenses travaux dans l'appartement où elle vit avec ses deux enfants adolescents. Ardente défenseuse des immigrés, elle engage, pour effectuer ces travaux, un architecte colombien dont elle vient de faire régulariser les papiers. Celui s'entoure d'une kyrielle de travailleurs clandestins polyvalents.

"Je puise dans les valises de ma vie pour faire mes films", explique Brigitte Roüan. "J'habite à la même adresse depuis plus de vingt ans. J'ai commencé dans une chambre de bonne puis, peu à peu, j'ai racheté les chambres voisines pour former un appartement. En terme de travaux, j'ai tout connu. Tous ceux qui ont touché de près ou de loin aux travaux, ont des anecdotes plein les poches. On en rit quelques années plus tard ou on peut en faire un film."

Sur un ton de pure comédie, la réalisatrice française mélange le thème de l'amant gênant avec le sujet plus grave des sans papiers. Microcosme d'une société devenue multiculturelle, le film en survole les différents aspects au travers d'un assemblage de personnages hauts en couleurs. Traité sur le mode décalé de la dérision, le film offre à Carole Bouquet un rôle surprenant ponctué par quelques élans de danse qui ne manqueront pas de rappeler l'envoûtante Cyd Charisse dans Chantons sous la pluie.

Le film est produit par feu Humbert Balsan. "J'ai perdu quelqu'un que j'adorais", reconnaît Brigitte Roüan. "Sa mort est une éclipse de soleil pour moi, pour la liberté de création pour le cinéma indépendant. Le prix de la liberté est devenu exorbitant, c'est comme l'immobilier. Humbert était multicolore, panavisionnaire, panasonique. Il connaissait le film par coeur." Cette production entièrement française réunit Ognon Pictures, Arte France Cinéma, Augustine Pictures, Canal+, Ciné Cinéma, Gimages 6, Millifin et la Procirep. La distribution et les ventes internationales sont assurées par Pyramide.