11/12/2002

Ce constat a fait réagir les professionnels intervenant sur le thème «Comment les bouleversements économiques actuels conditionnent-ils la distribution et l’exploitation en Europe?». Selon Valerio de Paolis de la société italienne BIM Distribuzione : « En France, en Espagne et en Italie, le problème majeur est la baisse des montants des acquisitions de films par les chaînes à péage. De plus, en Italie, les films européens sont diffusés la nuit alors que les américains passent en prime-time : or nous avons besoin de l’argent du prime-time ». L’autre grande difficulté évoquée par le distributeur italien concerne la promotion des films européens, car les blockbusters américains peuvent dépenser des sommes considérables. Il existe donc une forte pression pour que les distributeurs européens entrent dans cette spirale de la promotion, sans être sûrs, eux, de pouvoir rentabiliser ces opérations.

Les distributeurs français présents partagent cette opinion : une surenchère est en cours sur les gros marchés européens car plus un film est acheté à prix fort, plus il faut investir en promotion. Avec la nouvelle politique de Canal+, ces risques ont augmenté car la chaîne achète les films européens moitié moins cher qu’il y a quelques années. Résultat : le marché rétrécit et subit en même temps un phénomène de concentration à l’exportation puisque 20 films français représentent 80 pour cent des ventes.
Un tableau identique a été brossé par Werner Lanneau, distributeur belge et exploitant d’ABC Distribution & Cinemien : «au Bénélux, il y a trop de films et pas assez d’écrans, aussi les petits distributeurs indépendants s’affaiblissent, voire disparaissent. Aujourd’hui, il est quasiment impossible de vendre des titres aux chaînes payantes. Donc les petits distributeurs achètent moins de produits et les exploitants ont moins de choix ». Dans ce climat plutôt pessimiste, Marcin Piasecki, distributeur et exploitant polonais de Gutek Film Ltd a donné des raisons d’espérer pour les films européens : «en Pologne, Amélie Poulain a cumulé 750 000 spectateurs, deux fois plus que Spider-Man et Minority Report».