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VENISE 2005 Compétition

O Fatalista : la philosophie libertaire de Botelho

par 

Invité régulier de la Mostra depuis 1988, le cinéaste portugais Joao Botelho n’a pas déçu ses admirateurs hier soir avec la projection en compétition officielle de O Fatalista [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, libre adaptation de Jacques Le Fataliste écrit par le philosophe français Denis Diderot dans les années 1770. Une relecture contemporaine dont le réalisateur a su extraire un réjouissant mélange d’humour délirant, de satire sociale permanente et d’analyse des rouages de l’attraction entre les sexes. Plongeant souvent dans l’absurde et dans un surréalisme bunuelien-fellinien, le réalisateur lusitanien capte sans le diluer le flot permanent de paroles déversées par le duo déchaîné (et remarquable) composé par les acteurs Rogério Samora et André Gomez.

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Incarnant respectivement les personnages de Tiago le chauffeur et de Patrao son patron, les deux comédiens s’en donnent à cœur joie tout au long d’un voyage routier qui semble sans but. Entrecoupé par les réflexions d’un narrateur s’adressant aux spectateurs et ironisant sur les multiples possibilités narratives, ce road-movie défile au rythme de l’interminable récit des aventures amoureuses de Tiago qui constituent autant de films dans le film. Ce portrait d’un binôme maître-domestique cher au théâtre classique avec sa hiérarchie renversée, l’inférieur menant la danse comme le bouffon du roi, séduisant les femmes et agissant en hors la loi tandis que son supérieur se tient en position de voyeur et d’auditeur passionné, masque en réalité une philosophie libertaire sous un voile de comédie. Car comme le souligne Joao Botelho, "Le but de Jacques le Fataliste est de traiter la seule chose qui fasse bouger le monde : la lutte des classes". Mais ce thème sous-jacent passe au filtre des obsessions fétichistes du cinéaste à l’égard des femmes (notamment de leurs jambes) et surtout par une qualité visuelle éclatante qui s’apparente à la peinture. Très classique dans sa facture cinématographique, O Fatalista démontre une nouvelle fois combien Botelho excelle à filmer la nature, du vert des arbres au bleu du ciel. Et cette grande puissance de suggestion à l’arrière-plan accompagne idéalement, comme une ivresse insidieuse, les déambulations verbales et imaginaires qui peuplent un film incontestablement original.

Produit par Paolo Branco avec sa société française Gémini Films (chargée aussi des ventes internationales) et son homologue portugaise Madragoa Filmes, O Fatalista a bénéficié du soutien de l’ ICAM (Istitudo do Cinema Audiovisual e Multimedia) et de la RTP (Radiotelevisão Portuguesa).

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