21/09/2005

La transformation de Tanger, vue par une femme incapable de s'adapter à la nouvelle réalité. La vida perra de Juanita Narboni est un hommage nostalgique à une ville, qui fut un jour le paradis sur terre où différentes cultures, langues et religions ont coexisté sans conflits. Réalisé par Farida Benlyazid, le film est le quatrième titre espagnol dans la section officielle de cette 53ème édition du Festival International du Film de San Sebastian.

"La chose la plus extraordinaire de l'oeuvre d'Ángel Vázquez, c'est de montrer Tanger depuis l'intérieur", a dit Benlyazid, pour qui le processus d'adaptation fut un marathon, depuis que l'écrivain lui-même lui a offert le livre il y a de nombreuses d'années. En travaillant avec le scénariste Gerardo Bellod, elle a eu la difficile tâche d'adapter pour l'écran près de 40 ans de l'histoire récente de Tanger, depuis la guerre civile espagnole jusqu'à l'intégration de la ville au Maroc dans les années 60. Cependant, selon Bellod, plus difficile que le portrait des événements historiques, fut le processus d'adaptation des dialogues souvent imaginés par le personnage principal, ainsi que sont intégration dans une intrigue chronologique.

Effectivement, le film ne s'appuie que sur les pensées de Juanita Narboni, une anglaise d'origine andalouse qui vit a Tanger, transformées en dialogues ou en monologues. On peut essayer de sympathiser avec elle, mais à un certain moment, on ne peut s'empêcher de la juger, surtout parce qu'elle ne fait que ça pendant 101 minutes: juger tous les autres personnages du film. Juanita est une héroïne atypique: drôle mais désagréable, dure mais solitaire, tolérante mais envieuse, romantique mais amère, coincée entre son éducation catholique et sexuellement réprimante et le comportement moderne et libéral de sa petite sœur. Mariola Fuentes capte toutes les contradictions du personnage en nous donnant un portrait convaincant d'une femme qui reste à Tanger, alors que tous les autres sont partis. Quand Juanita est déjà vieille (mais continue toujours à s'imaginer des dialogues avec sa "mama", morte quand elle était jeune), Tanger a déjà perdu son statut de ville internationale et la culture Arabe semble effacer les traces du multiculturalisme. "Tanger est un mythe, et les mythes ne sont pas décrits", conclu la réalisatrice.

La vida perra de Juanita Narboni est produit par ZAP Producciones (Espagne) et Tangitania Films (Maroc). Les ventes internationales sont gérées par Mercedes Borruel.

(Traduit de l'anglais)