04/10/2005

C'est sur les notes magiques d'un poète du rock, Tom Waits, que s'ouvre le dernier film du poète de l'humour, Roberto Benigni. "Ferme les yeux et ouvre le coeur à celui qui rève de toi", chante Waits. Et Roberto de s'exécuter, de fermer les yeux pour rèver à sa dulcinée et de chercher les clefs du coeur des spectateurs.

La tigre e la neve [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], distribué par 01 à partir du 14 octobre dans 800 salles (un chiffre record pour l'Italie) est une déclaration d'amour et de guerre mettant en scène un poète qui se plonge dans le drame du conflit irakien pour retrouver sa chère et tendre (Nicoletta Braschi). Si l'intrigue vous rappelle La vie est belle, vous ne vous trompez pas, mais quelques distinctions s'imposent. Dans La tigre e la neve, c'est la poésie (la poiesis, du grec poiein, créer) qui a le premier rôle. La guerre qui fait rage à Bagdad n'est qu'un prétexte pour opposer le bien au mal, la beauté des vers à la vulgarité de la violence. Benigni donne forme à la poésie; il la rend visible à travers la rencontre d'un poète italien et d'un arabe (joué par la star fraçaise Jean Reno, qui a des origines marocaines et andalouses) et en superposant au récit les images de Jorge Luis Borges, Eugenio Montale, Giuseppe Ungaretti, Marguerite Yourcenar.
Comme dans La vie est belle, le personnage central (le poète) veut éloigner du mal l'aimée de son coeur. À ceux qui accuseraient le film d'"angélisme", Benigni riposte, plein d'énergie: "Ce film ne se rattache certainement pas à une idéologie. Contre la guerre, l'amour est plus fort que les dogmes. La force du sentiment est l'arme la plus puissante. Quand tant d'oeuvres s'adressent à la tête, celle-ci prend férocement la direction du coeur, fouille les recoins les plus profonds de notre âme, pénètre les consciences. Je veux émouvoir en racontant une belle histoire d'amour qui projette des myriades de paillettes tout autour d'elle. On ne peut qu'évoquer la guerre, mais c'est la première fois qu'un comique présente un kamikaze sur le mode de la parodie; c'est un porcédé puissant du point de vue stylistique que de faire rire en s'engageant dans des zones inexplorées. Le sentiment que l'on a en voyant l'Irak, ou tout être qui souffre, c'est de la compassion. Il faut bien du courage pour aimer; quand on aime, on est nu, on naît pour la première fois. On sait ce que c'est que la mort. Personnellement, cela ne me tente pas du tout de mourir, je pense que c'est ce que je ferai en dernier".

La tigre e la neve, produit par Melampo, et vendu à l'international par Focus Features International, sera lancé en France en décembre par Pathé. Les ventes restent à conclure du côté des États-Unis, mais les distributeurs se pressent au portail.

(Traduit de l'italien)