email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES

13 (Tzameti)

par 

- Les débuts fracassants d’un jeune réalisateur fasciné par la part obscure de l’humain. Une mise en scène choc pour un monde clandestin où la survie se joue à la roulette russe

Attention, film culte! Agé de 27 ans, le cinéaste d’origine géorgienne Gela Baluani, installé en France depuis une dizaine d’années, a réalisé avec son premier long métrage 13 (Tzameti) [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Fanny Saadi
interview : Gela Babluani
fiche film
]
, un véritable tour de force visuel et narratif attirant l’attention de tous les professionnels de l’industrie cinématographique. Ainsi, Kathleen Kennedy, la femme et productrice de Steven Spielberg a t-elle récemment déclaré que 13 figurait à ses yeux et à ceux de son mari comme la révélation européenne de l’année. Un adoubement qui ouvre des perspectives passionnantes pour la suite de la carrière du jeune cinéaste déjà comparé par certains critiques au Polanski des débuts, d’autres n’hésitant pas à invoquer les mânes d’Hitchcock, de Melville, voire de Scorsese. Il faut dire que 13 a frappé d’entrée les esprits, récoltant le Lion du Futur de la meilleure première œuvre à la Mostra 2005, puis le Grand Prix au Sundance Festival 2006. Et bien avant cette irruption en fanfare dans le cercle fermé des espoirs du 7e art, le film avait réussi la gageure économique de passer du moyen au long métrage grâce à un premier montage qui a convaincu de nouveaux investisseurs(au premier rang desquels MK2). Un ensemble de circonstances exceptionnelles qui vont de pair avec la nature hors normes de 13 dont le contenu ne saurait être dissocié de la très forte personnalité de son auteur, fils d’un cinéaste récompensé par un Ours d’argent à Berlin en 1993 et jeune homme à la maturation accélérée par une adolescence au contact de l’extrême violence régnant en Georgie après la chute du Mur de Berlin. Car la survie et son antithèse, la mort, constituent le fil conducteur de 13 dont la trame épouse l’apparence du thriller, du jeu de piste policier, pour mieux déployer une vision d’un monde infernal, piloté en coulisses par une folie sans limites pour l’appât du gain.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Plongeant le spectateur en apnée dans sa conception ultra-noire de l’humanité, Gela Babluani retrace l’étrange mésaventure dans laquelle se propulse Sébastien (interprété par Georges Babluani, le frère du réalisateur). Ce jeune immigré vit de chantiers chez des particuliers où il surprend une conversation prometteuse de richesses et de danger. Précipitée par le destin (une lettre qui s’envole, une overdose), l'intrigue suit le héros qui, aveuglément, subtilise l'identité d'un homme mort et suit des instructions qui lui étaient destinées pour semer la police qui exerce une discrète surveillance. Arrivé dans une villa cossue cachée dans forêt, il deviendra sans possibilité de fuite le participant n°13 d’un jeu cruel de roulette russe. Dans une ambiance survoltée par les cadavres qui s'amoncellent, les enjeux financiers des parieurs, dans un climat de passions animales où seul compte la survie, les joueurs drogués, contraints au meurtre, s'initient au crime et deviennent un mélange de victimes et de bourreaux, tous pris dans la roue d'un destin implacable, un système occulte qui réglemente la folie. Mais au-delà de la brutalité saisissante de ce voyage au cœur des ténèbres de l’humain, Gela Babluani réussit surtout à imposer un style visuel fascinant, héritier moderne d’un cinéma soviétique laconique, fondé sur la seule puissance des images. Filmé en noir et blanc et en Cinémascope, 13 (Tzameti) réunit également une impressionnante galerie de "gueules cassées" d’où émerge l’impeccable Aurélien Recoing. Art du casting, suspense du récit, virtuosité de la mise en scène et science du rythme: Gela Babluani dispose à l’évidence plus d’une corde à son arc, un potentiel cinématographique séduisant soutenu par une volonté de fer qui pourrait le propulser très rapidement vers des projets de plus grande ampleur.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy