31/01/2006

En Pologne - pays confronté à de graves déficiences en matière de financement de la culture - l’engagement des chaînes de télévisions, aussi bien publiques que privées, joue un rôle fondamental dans le financement du cinéma. La télévision polonaise publique en est l'acteur le plus important: de 1995 à 2005 l’apport de la TVP pour la production de films polonais a dépassé 32, 5 millions d’euros soit une moyenne de 3,25m € par an qui est de peu inférieure au soutien institutionnel.
Depuis 1965, la TVP a produit ou coproduit près de 400 films, dont 22 en 2004 et 28 en 2005 (13 d’entre eux, sur les 21 retenus, ont pris part à la course aux Lions d’Or au Festival du Cinéma Polonais de Gdynia 2005). Le répertoire des films produits grâce à l’engagement de la TVP est très divers et va de productions légères à des films de très haut niveau artistique, de films à faible budget aux plus grosses productions.

C’est en 2000 que la TVP, dans le cadre du programme "Pokolenie 2000" (Génération 2000) a commencé à financer les premiers films de jeunes réalisateurs dont notamment Maciej Pieprzyca (Inferno), Artur Urbański (Belissima), Łukasz Barczyk (Patrzę na ciebie, Marysiu, "Je te regarde, Marie"), Marek Lechki (Moje miasto, "Ma ville"). L’aide aux débutants va de 10.000 à 50.000 euros, et comprend aussi l’apport de matériel professionnel, l'assistance artistique, la promotion et la diffusion à l’antenne de la TVP.
La coproduction avec la TVP n’est pourtant pas facile. Les producteurs se plaignent de recevoir les sommes garanties dans les contrats avec des retards inacceptables. Les producteurs de films comme Persona non grata de Krzysztof Zanussi, Kochankowie roku tygrysa (Les amants de l’année du tigre) de Jacek Bromski ou Masz na imię Justyna (Ton nom c’est Justine) de Franco de Pena, ont achevé leurs réalisations sans avoir reçu un seul zloty de la TVP. L’indolence de la TVP provoque alors un problème de soutien institutionnel car l’Agence nationale de production, dépendant du Ministère et mise en liquidation en vertu de la nouvelle loi (lire l’article), n’assignait les moyens aux producteurs qu’après avoir reçu d’eux les confirmations de soutiens des autres investisseurs dont notamment de la TVP… Ainsi, les producteurs polonais se trouvent-ils dans une situation des plus délicates alors même que la trésorerie est le problème numéro 1 des sociétés de production partout en Europe.