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VENISE 2006 Horizons / Italie

D'Ivens à Vicari : la croissance trahie

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Dans le film du grand documentariste hollandais Joris Ivens qui a scandalisé l'Italie en 1959, il y avait la promesse d'un brillant avenir, de la confiance en une Italie en pleine croissance, l'espoir du plein-emploi et l'idée merveilleuse d'un peuple qui n'avait plus besoin de migrer pour réussir. L'Italia non è un paese povero était une commission d'Enrico Mattei qui voulait un film "promotionnel" pour démontrer que la péninsule italienne est en chemin vers un développement radieux grâce à l'industrialisation galopante. Aujourd'hui, Daniele Vicari parcours le pays dans l'autre sens (passant de nouveau par Gela, Termini Imerese, Melfi, l'Enea di Roma, la ville "chinoisifiée" de Prato et Porto Marghera) pour comprendre ce que sont devenues, en 47 ans, ces promesses et ces zones industrielles naissantes.

Ce film intitulé Il mio paese, produit pour 400 000 € par la société Vivo film S.r.l. de Gregorio Paonessa, avec le soutien de l'Association Centenario CGIL et la collaboration de Rai Cinema, sera présenté à la Mostra de Venise comme événement spécial de la section Horizons.

"J'ai trouvé un pays de lumières et d'ombres, raconte le réalisateur, où la grande promesse de l'industrialisation et de l'explosion économique a abouti à un présent plein de contradictions. Dans les années 1960, l'Italie s'élançait vers futur ; aujourd'hui, à l'inverse, nous nous retrouvons dans un pays replié sur lui-même, même si je me console en pensant qu'il y a encore des gens capables de réagir, même s'il manque un guide, un projet de nos gouvernants".

En montrant l'existence méconnue de tant de méridionaux qui continuent d'entreprendre des voyages de 45 heures en autocar pour aller travailler en Allemagne, la mobilité et l'intégration des ouvriers FIAT, les chercheurs scientifiques romains frustrés de leurs piètres conditions de travail, de leurs maigres salaires et de se voir qui plus est snobbés par leurs homologues indiens, Daniele Vicari constate avec amertume que "Les différences entre Ivens et moi sont énormes, à commencer par le fait que je suis, par rapport à lui, comme un nain sur les épaules d'un géant et que je suis désenchanté, ayant déjà vu les dommages de la promesse industrielle".

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