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VENISE 2006 Hors Compétition / Evénement Spécial

Vittorio De Seta : L'Afrique nous sauvera

par 

"Lettere dal Sahara" constitue un ensemble d’articles-reportage consacrés à l’Afrique par Alberto Moravia et publiés entre 1975 et 1981. 25 années plus tard, le talentueux documentariste sicilien Vittorio De Seta a donc choisi le même titre pour un film à mi-chemin entre fiction et réalité. Lettere dal Sahara (litt : Lettres du Sahara) retrace les mésaventures d’un jeune étudiant sénégalais, Assane (interprété par l’acteur débutant Djbril Kebe), qui décide d’émigrer en Italie à la suite de la mort de son père. Après un voyage clandestin, un naufrage et l’arrivée sur l’île de Lampedusa, Assane réussit à dégotter un emploi précaire à Villa Literno, puis part à Florence chez une cousine qui exerce la profession de mannequin, avant de rallier finalement Turin. Là, avec l’aide notamment d’un professeur d’italien, le jeune homme trouve une situation stable. Mais une agression raciste le poussera à réfléchir à l’impossibilité de s’intégrer sans renoncer à sa propre culture et à sa dignité. Il choisira donc de rentrer au Sénégal pour retrouver sa famille et renouer le dialogue avec un de ses anciens maîtres.

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C’est une histoire du quotidien, un récit que nous pourrions lire dans les journaux . "Nous avons découvert le sens du film en cours de route" a souligné Vittorio De Seta (83 ans). "Face au phénomène irrépressible de l’immigration, il y a deux réactions envisageables : tout nier et diviser les peuples ou chercher le dialogue et la rencontre. Cette seconde option est obligatoire, sinon nous sommes finis. En fait, nous serons sauvés par les étrangers."

Ressent-on une sorte de responsabilité quand on tourne un film qui s’inspire de ce qui survient dans la réalité quotidienne? "Il y a huit ans, quand j’ai écrit la première version du scénario, les bateaux arrivaient déjà Lampedusa" se souvient le cinéaste. "Il y a naturellement une grande responsabilité car il faut raconter la vérité. Alors que le cinéma et la télévision évoluent dans une dimension virtuelle, nous travaillons sur le terrain de la réalité et nous devons nous y conformer. 60 % du film est en sénégalais car les personnages parlent cette langue entre eux."

Interrogé sur sa très longue expérience en matière de documentaire et le mélange de fiction et de réalité qui caractérise son film, Vittorio De Seta a expliqué son approche. "J’ai d’abord écrit mon scénario avant de l’adapter à la réalité au fur et à mesure des rencontres avec les acteurs et des repérages sur les lieux où se déroule le récit. Je suis un évolutionniste, pas un créationniste : l’idée que l’auteur a en tête est toujours un "work in progress". J’ai tourné avec des acteurs débutants et avec des comédiens sénégalais. Souvent, nous ne nous comprenions pas, mais j’ai pensé qu’au fond que c’était plus juste de cette manière, qu’ils devaient participer à la construction de l’histoire. Je ne crois pas au réalisateur démiurge."

Produit par A.S.P. e Metafilm avec le soutien du MiBAC, Lettere dal Sahara sortira demain dans les salles italiennes, distribué par l’Institut Luce. Et le ministère de l’Instruction entend bien faire circuler le film auprès des étudiants car, selon la secrétaire d’Etat Letizia De Torre, "ce document sur la réalité constitue une bonne occasion de faire connaître aux jeunes leurs futurs camarades d’études."

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(Traduit de l'italien)

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