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VENISE 2006 Journée des Auteurs

Un souffle de changement

par 

Come l'ombra de Marina Spada est le portrait d'une célibataire de 30 ans, Claudia, dans une jungle urbaine milanaise magnifiquement photographiée. Membre typique de la société de consommation (c'est-à-dire d'une société où tout est déjà consommé —on voit d'ailleurs que Claudia ne prend pas plaisir à manger ni à boire et mène sa vie sentimentale sans conviction), Claudia est blasée et désenchantée ("Mais qu'est-ce que tu veux qui se passe!?", dit-elle). Le début du film dépeint sa routine, avec une subtilité infinie et un réalisme que souligne les choix de cadrages —il y a toujours quelque chose au premier plan derrière ou à travers laquelle on voit sa vie insignifiante mener son train.

Olga représente ce que Claudia craint le plus (alors qu'elle travaille, paradoxalement, dans une agence de voyages), à savoir le changement. Elle est tellement fermée à toute nouveauté que la première raison pour laquelle elle trouve Olga "sympatique" est que cette dernière "se mèle de ses oignons". Ce personnage rafraîchissant réussit cependant non seulement à faire faire à Claudia, malgré sa réticence, des choses nouvelles, mais également à exprimer (à travers une chanson, "la solitudine") ce que sa nouvelle "amie" refuse d'admettre. Devant l'enthousiasme d'Olga, les opinions de Claudia n'en sont que plus cliché (si on s'habille bien, c'est pour plaire aux garçons, il faut se réjouir quand viennent les vacances, il est difficile de trouver du travail), ce dont se moque d'ailleurs gentiment Olga en décrivant pour elle une Ukraine de carte postale.

Les deux femmes ne passent que quelques jours ensemble et pourtant, la disparition d'Olga donne de nouveau un but à Claudia. Imperceptiblement, avec la même discrétion que dans "Les gens de Dublin" de James Joyce (discrétion soulignée par le voeu d'Olga d'"être oubliée"), la vie de Claudia a changé. Marina Spada nous livre ici, avec une intégrité remarquable et un minimalisme qui tient en fait à une maîtrise totale de son sujet, un film splendide et profondément triste qui a bouleversé le public de Venise.

On ne peut que souhaiter à ce film produit par Ombre Film et Film Kairòs (qui s'occupe aussi des ventes internationales) de vite trouver des distributeurs.

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