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Les réactions des acteurs

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Au sortir d’une première projection très applaudie au Festival de Cannes, les quatre acteurs à l’origine d’Indigènes [+lire aussi :
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fiche film
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de Rachid Bouchareb ne se doutaient pas qu’ils recevraient trois jours plus tard un prix d’interprétation collectif. Accompagnés par Bernard Blancan qui incarne le cinquième personnage principal du film, Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Samy Nacéri livrèrent leurs premières impressions passionnées à la presse internationale.

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Roschdy Zem : Cela fait dix ans et trois films que je travaille avec Rachid Bouchareb. Pour moi, l’idée d’Indigènes était formidable. Mais je me disais que ce serait compliqué et j’avais du mal à y croire.

Sami Bouajila : Au-delà du fait de raconter un pan d’histoire qui nous interpellait, qui créait une complicité, c’était une idée fabuleuse de nous réunir tous les quatre, de nous faire participer à la genèse du projet. Cette idée fédératrice a constitué un moteur.

Samy Nacéri : À l’école, personne ne m’avait parlé de cela, on évoquait les Anglais, les Irlandais.... Le scénario de Rachid m’a donné une leçon d’histoire. En 1940, les Américains ont dit : "D'accord pour fournir des armes mais pas pour les Indigènes". Il y a un tabou sur le sujet et l’administration française n’a pas envie de crever l’abcès. Pourtant nos enfants doivent savoir. Moi, je ne parle pas arabe, donc j’ai dû le travailler pour le film. J’ai foncé dans le projet, mais sans esprit de revanche ni de visées politiques. Mais nous étions là, nous aussi, dans les batailles de la Libération.

Jamel Debbouze : Enfin, pas nous personnellement (rires). Quand on travaille avec Rachid Bouchareb, on comprend qu’il veut exorciser quelque chose. Je n’étais pas au courant de cette page d’histoire dans le détail. Il n’y a pas longtemps, ce projet aurait été impossible. Et quatre acteurs de nos origines, avec des parcours différents qui se retrouvent aujourd’hui à défendre cette histoire, c’était noble. Mais cela a été une vraie bagarre pour monter le film alors qu’à côté on me proposait des millions d’euros pour des comédies dans lesquelles je devais glisser sur des peaux de banane.

Sami Bouajila : Pourquoi la France a t-elle tant de mal à ouvrir sa mémoire ? Notre film est une réponse physique car il s’agit de retrouver et de se reconnaître dans l’histoire de France, le pays où nous sommes nés.

Jamel Debbouze : Mais ce n’est qu’une pierre apportée à un édifice qui sera encore long à construire. Je suis français et fier de l’être, tout à fait conscient de ce que le film raconte, mais sans amertume.

Sami Bouajila : En Algérie, en 1885, a été édicté un Code de l’Indigénat. Ces Indigènes ne bénéficiaient pas des mêmes droits que le citoyen français, ils étaient des demi-citoyens sans perspective d’évolution. Nous sommes les enfants de ces Abdelkader et nous ne sommes pas amnésiques. Forcément on est politique quand on a la gueule qu’on a et qu’on fait ce métier en France. Et nous continuerons jusqu’à être audible.

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